Théâtre
Deux sources inspirent Denis Podalydès dans ce travail. L’onnagata japonais, ces hommes qui jouent des femmes, traduisant sur le plateau l’essence du féminin, et les carnets de note d’Antoine Vitez lors de sa propre mise en scène, à Avignon, en 1985, de « Lucrèce Borgia » (avec Yannis Kokkos, qui était le scénographe, et Éloi Recoing, le dramaturge).
Ici, c’est la scénographie superbe d’Éric Ruf, avec son grand ciel tourmenté, comme une encre de Victor Hugo dessinateur, et les costumes magnifiques de Christian Lacroix, qui assurent la continuité, l’homogénéité. Toutes les nuances du noir, peu à peu gagnées par le rouge des velours, des poisons, du sang.
Le jeu, lui, rappelle d’abord le cérémonial – il est réinventé – des hommes qui se travestissent. Torse nu et sans perruque, paraît d’abord Guillaume Gallienne, que l’on habille sur scène. Mais au fil du spectacle, nous oublions tout : le comédien est dans la sincérité du jeu. Il est Lucrèce. Face à lui, Suliane Brahim, frêle jeune homme, est aussi dans la vérité du poète.
Un très beau spectacle, très bien interprété, avec des scènes de groupe remarquablement réglées, une distribution excellente et la grande langue de Victor Hugo, le grand style. Dans la partition d’Alphonse d’Este, le mari jaloux de Lucrèce, Éric Ruf est remarquable. Toute la troupe est à louer. Hugo, après « l’Homme qui rit », a voulu qu’un cœur de mère batte dans ce monstre qu’est Lucrèce. C’est l’humain qui l’intéresse. La poésie nous bouleverse, l’humain nous retourne.
Cela donne une grande soirée de théâtre, avec Suliane Brahim dans la fougue et la sensibilité et Guillaume Gallienne dans la complexité d’une âme malheureuse. Du vrai grand théâtre jusque dans les scènes les plus mélodramatiques.
Comédie-Française, salle Richelieu (tél. 0825.10.16.80, www.comedie-francaise.fr), en alternance jusqu’au 20 juillet. Durée : 2 h 10 sans entracte.
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