COMMENT s’est forgé au cours des siècles notre regard sur l’autre ? Des premiers indiens amenés par Christophe Colomb au développement d’une véritable industrie du spectacle au cours du XIXe siècle et jusqu’en 1958, plus d’un milliard de visiteurs ont regardé 35 000 figurants. Spectacle ou exhibition ? Hommes exotiques ou monstres ? Voyeurisme ou démarche scientifique ?
Avec une curiosité qui inspire le respect, les premiers sauvages qui arrivent avec les explorateurs sont présentés dans les cours et les individus différents, nains, géants, femme à barbe, ont leur portrait dans les cabinets de curiosité. Au début du XIXe siècle, la « Vénus hottentote », originaire d’Afrique du Sud, exhibée à Londres et à Paris, devient le symbole de spectacles destinés au grand public alors que les savants recherchent à l’aide de mesures anthropométriques les fondements de concepts raciaux. À l’exotisme s’associe le difforme qui fait la fortune des cirques américains Barnum et Bailey.
Avec le développement des conquêtes coloniales, ce sont des populations entières qui font l’objet de curiosité et d’exhibition, les aborigènes, les Zoulous… et Buffalo Bill forge la notion du Far West avec des tournées mondiales d’indiens, y compris en France devant le roi Louis-Philippe. Parallèlement, les artistes exotiques se muent en objet de désir.
Puis de la scène on passe aux jardins d’acclimatation, villages itinérants et expositions internationales. L’exposition universelle de Chicago, en 1893, a pour slogan « Voir c’est savoir ». Ce n’est qu’à partir des années 1930 que le phénomène s’essouffle, désintérêt du public, vision différente de la colonisation de la part des grandes puissances et développement du cinéma. Mais ce n’est qu’à l’exposition de Bruxelles en 1958 que, devant les critiques, les organisateurs ferment le village congolais. Une vidéo de Vincent Elka conclut l’exposition en donnant la parole aux populations stigmatisées aujourd’hui.
« L’invention du sauvage - Exhibitions », musée du Quai Branly (tél. 01.56.61.70.00, www.quaibranly.fr), mardi, mercredi et dimanche de 11 à 19 heures, nocturne les jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21 heures. Jusqu’au 3 juin.
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