À BARCELONE, tout se mêle et rien ne se heurte, dans un mélange constant des genres. Les vestiges romains et ceux du Moyen âge, le gothique flamboyant et les façades Renaissance de la vieille ville et, à un jet de pierre, le foisonnement des immeubles Art nouveau des élégantes avenues de l’Eixample, construits par certains des meilleurs architectes de l’histoire, Josep Puig i Cadafalch, Domenech i Montaner et surtout l’emblématique et génial Antoni Gaudi.
Deux fois millénaire, capitale d’un pays lui-même millénaire, Barcelone est le noyau autour duquel la Catalogne s’est agglutinée. Ville maritime, méditerranéenne par excellence, héritière d’une tradition de commerce remontant aux Phéniciens et aux Romains, son port, d’où partent les ramblas, les longues avenues à plusieurs tronçons conduisant au centre, vit partir nombre de navires à la conquête du monde. Face aux Drassanes, les anciens arsenaux médiévaux, qui abritent aujourd’hui le musée maritime, se dresse le monument de Christophe Colomb commémorant l’accueil des rois catholiques au retour de son premier voyage au Nouveau Monde en 1493.
Dans la vieille ville, le Barri Gotic, le quartier gothique, encerclé encore par les pans d‘anciennes murailles romaines renforcés par des fortifications du IIIe et du IVe siècles pour contrer les invasions des Francs et des Alamans et plus tard des Musulmans, sont rassemblés les principaux édifices civils et religieux qui racontent l’histoire de la capitale catalane : la Plaça del Rei, avec le Palau Reil Major, qui fût résidence royale, et le Palau del Lloctinent, grande demeure Renaissance qui abrita longtemps les Archives de la Couronne d’Aragon. Dans le vieux quartier de la Ribera, où cohabitaient jadis marchands, nobles et gens de mer, se dresse l’église Santa Maria del Mar, considérée comme l’un des plus beaux ouvrages du gothique catalan. Non loin de là, subsistent de beaux palais gothiques et Renaissance. L’un d’eux abrite le Museu Picasso, très visité, rappelant que le grand peintre espagnol est aussi revendiqué par les Catalans comme d’autres gloires nationales : Dali, Miro, Tapies, Boffil et Gaudi.
Au sortir du dédale des ruelles du quartier gothique s’ouvrent les grandes avenues de l’Eixample (expansion ou élargissement en catalan). Cet immense quartier conçu en 1860 est un modèle d’urbanisme avancé unique en son genre. Alors en plein développement économique, la ville avait misé sur l’audace d’architectes locaux qui ont pu donner la pleine mesure de leur talent. Gaudi et ses pairs ont ainsi imprimé aux immeubles de ce quartier de la bourgeoisie prospère un style « nouille », mélange d’art nouveau et de Jugendstill, baptisé « modernisme » à la fin du XIXe, qui fait la particularité de la capitale catalane.
Le génie de Gaudi.
Murs et toitures ondulés, arcs paraboliques, colonnes sinueuses, cheminées hélicoïdales, fer forgé tarabiscoté, formes biscornues évoquant un monde végétal, céramiques et mosaïques aux couleurs vives, l’imagination extraordinaire de Gaudi et des architectes catalans est partout présente. De la place de Catalunya, point de rencontre de la vieille ville et de l’Eixample, avec ses belles sculptures de Josep Llimona, Eusebi Arnau, Pau Gargallo ou Josep Clarà, on débouche sur le Passeig de Gràcia, la grande artère de l’Eixample, où se succèdent les enseignes et les boutiques prestigieuses.
Ornés de superbes lampadaires de Pere Falqués, les larges trottoirs de l’avenue longent une concentration unique d’immeubles et de belles maisons de styles divers, médiévalisantes ou modernistes, comme la Casà Milà, au coin de la rue de Provença, l’une des réalisations les plus représentatives de Gaudi, qui abrite un centre culturel, et l’intéressant Espace Gaudi, réservé à l’étude de son œuvre. Outre la Casa Amatlerr de Puig Cadafalch ou la Casa Lleo Morera de Domènech i Montaner, on ne manquera pas la Casa Batllo, l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de Gaudi. Moins grandiose que la Sagrada Familia, cette étrange maison toute en courbes, aux allures de monstre aquatique avec son toit en écailles et ses couleurs aquatiques, dégage une poésie étrange et captivante .
À l’extrémité de l’avenue portant son nom se dresse la monumentale basilique Sagrada Familia, l’ouvrage le plus célèbre de Gaudi, église expiatoire conçue par le génial architecte comme « une cathédrale du XXe siècle ». De 1883 à sa mort, en1926, Gaudi s’est consacré entièrement à cet ouvrage, qu’il laissa inachevé. Aujourd’hui, seules deux façades de l’édifice ont leur aspect définitif. Reprise dans les années 1950, la poursuite des travaux fait toujours l’objet de controverses (utilisation de matériaux modernes, interprétation des architectes actuels, etc.), mais on estime que l’ouvrage demandera encore de nombreuses années.
Sur les hauteurs dominant la ville, le Park Güell, inscrit sur la liste du Patrimoine de l’UNESCO, témoigne aussi du génie de Gaudi. Cette cité-jardin voulue par l’architecte est elle aussi restée inachevée. On peut y admirer les pavillons de l’entrée et le grand perron gardé par un fabuleux dragon de céramique conduisant à la grande salle d’un futur marché, avec plafond de mosaïque soutenu par 86 colonnes doriques supportant la grande place circulaire offrant un panorama unique sur la ville et la mer.
Barcelone la catalane, ville moderne et branchée, sait à merveille engloutir ses visiteurs dans son ambiance festive. La nuit, les ramblas et les rues de la vieille ville sont encore plus animées que dans la journée. Il faut jouer le jeu en traînant dans les bars, les bodegas et les terrasses pour grignoter force tapas avant de se régaler de savoureux jambons, de porcelets dodus à la chair légère et à la peau craquante, et de délicieux poissons frais tout en goûtant les excellents vins rouges de Catalogne, terre antique de la viticulture espagnole puisque les Grecs plantèrent ici les premières vignes de Péninsule.
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