Rétrospective Le Corbusier au Centre Pompidou

Aux mesures de l’homme

Publié le 07/05/2015
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Le Corbusier, P. Jeanneret, la Villa Savoye

Le Corbusier, P. Jeanneret, la Villa Savoye
Crédit photo : FLC/ADAGP/P. KOSLOWSKI

Né en Suisse, Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, se forme en Allemagne à la psychophysique, qui lui inspirera en 1944 le concept du Modulor, silhouette humaine de 1,83 m autour de laquelle il conçoit une harmonie spatiale, car le corps est « percevant et cognitif ». Il y découvre aussi les arts décoratifs et les cités-jardins. Dans le Parthénon, en 1909, il voit un cube et le rythme des colonnes.

Le Corbusier et le peintre Ozenfant, qu’il rencontre en 1912, refusent dans leurs tableaux toute perspective. Les deux hommes fondent le « purisme » et la revue « Esprit Nouveau ». Un esprit nouveau qui se matérialisera par le pavillon du même nom conçu pour l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925. Une cellule d’habitation intégrée dans un immeuble avec des meubles qui séparent les fonctions de l’espace. Avec la cité-jardin de Pessac, le but de l’architecte est économique, pratique, hygiénique et son projet de ville contemporaine est vertical, symétrique et libère l’espace au sol. Ses villas reposent sur 2 murs porteurs latéraux, une baie vitrée à chaque extrémité et un toit plat, comme celle où il travaille désormais avec son cousin Pierre Jeanneret, lui-même architecte. À l’exposition de 1929, il présente avec Charlotte Perriand des meubles ergonomiques pour ses habitations : tables réglables, chaises longues, fauteuil à dos basculant, avec toujours cette référence au corps.

Après la guerre, Le Corbusier définit à la Cité radieuse de Marseille ses « unités d’habitation » à l’échelle humaine : en béton, sur pilotis, où chaque espace à une fonction. Avec l’arrivée du mathématicien Yannis Xenakis dans son équipe et sa relation avec le père Couturier, rénovateur de l’art liturgique, l’espace résonne avec la spiritualité dans la Chapelle de Ronchamp (Haute-Saône). À l’indépendance de l’Inde, Nehru lui commande une ville nouvelle, Chandigarh, où il applique le principe de planification des villes de la Charte d’Athènes : 4 zones indépendantes pour les 4 fonctions de la vie, du travail, des loisirs et des infrastructures de transports.

La Charte d’Athènes a été publiée pendant la guerre, période pendant laquelle Le Corbusier écrit, faute de commandes. Antisémite, Le Corbusier était-il aussi fasciste, comme l’affirment des livres tout récents ? Ce n’est pas le sujet de l’exposition, mais la question sera sûrement évoquée lors du colloque scientifique qui sera organisé en 2016 par le Centre Pompidou et la Fondation Le Corbusier.

L’architecte termine sa vie, fidèle à ses convictions artistiques, dans son cabanon de Roquebrune-Cap-Martin de 3,66 m sur 3,66, soit 2 fois 1,83 m.

Tous les jours, sauf le mardi, de 11 à 21 heures. Jusqu’au 3 août. Tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr.
Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du Médecin: 9410