VOUS AIMEZ le cinéma noir des années 1950 ? Vous adorez Veronica Lake et Eddie Constantine ? Vous vous souvenez de la chanson « Cigarettes et whisky et p’tites pépés » ? Vous allez adorer la manière dont le metteur en scène Lilo Baur transpose la pièce de Marcel Aymé, une pièce terriblement féroce sur la justice et la bourgeoisie, une pièce qui fit scandale à sa création en 1952.
Lilo Baur est née en Suisse, elle a beaucoup travaillé avec l’Anglais Simon McBurney. Il y a quelques saisons, elle avait mis en scène de manière épatante « le Mariage », de Gogol, ici même, au Vieux-Colombier. C’est elle qui a choisi « la Tête des autres ». Elle monte la première version, celle qui se termine avec l’apparition de l’ignoble Alessandrovici, un affairiste qui tient les ficelles du pouvoir. Si l’action se situe en Poldavie, on reconnaît bien la France de l’après-guerre et la transposition de l’action à la manière d’un film de série B permet aux comédiens à la fois de s’amuser et d’être sincères. Cela conserve toutes ses vertus corrosives à la pièce.
Décor, costumes, lumière, son et musique, tout est excellent et la distribution est particulièrement bonne. L’argument ? Le procureur Maillard (Nicolas Lormeau) vient d’obtenir une condamnation à mort. Sa femme Juliette (Véronique Vella) le félicite. Son confrère Bertolier (Alain Lenglet) et sa femme Roberte (Florence Viala) le congratulent. Mais voici qu’à la suite d’un accident du fourgon cellulaire, le condamné, Valorin, musicien de jazz et innocent (Laurent Lafitte), se retrouve face à Maillard et exige que le véritable coupable soit trouvé.
Les rebondissements sont en cascade et, si vous ne connaissez pas la pièce, mieux vaut vous laisser le bonheur des surprises et des sentiments. Chez Marcel Aymé, les femmes sont des héroïnes transfigurées par l’amour. Véronique Vella est excellente et Florence Vialla irrésistible dans une composition très fine. Les malfrats sont bien joués par Félicien Juttner et Clément Hervieu-Léger, les magistrats bien dessinés dans leur morgue et leur lâcheté par Nicolas Lormeau et Alain Lenglet. Serge Bagdassarian donne au terrible Alessandrovici une douceur presque enfantine et Laurent Lafitte est un Valorin beau gosse et épris de vraie justice, en rupture avec la société bourgeoise à laquelle il s’oppose.
C’est vif, drôle et féroce. Cette mise en scène rend à Marcel Aymé sa place… en attendant qu’il entre un jour au répertoire.
Théâtre du Vieux-Colombier (tél. 01.44.39.87.00/01, http://www.comedie-francaise.fr), mardi 19 heures, du mercredi au samedi 20 heures et dimanche 16 heures. Durée : 2 heures sans entracte. Jusqu’au 17 avril.
* On ne vous parlera pas ici de « Phèdre », salle Richelieu. Une catastrophe à éviter.
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