« Moonlight », de Barry Jenkins

Au-delà de la violence

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Publié le 02/02/2017
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Ciné-Cinecitta

Ciné-Cinecitta
Crédit photo : WILLY RIZZO

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Crédit photo : MARS FILMS

Aux Golden Globe, tandis que « La La Land » l'emportait dans la catégorie « Comédie », « Moonlight », de Barry Jenkins, se voyait distingué comme meilleur drame. Une récompense méritée pour le cinéaste afro-américain de 37 ans dont c'est le deuxième film. Et pour les oscars (le 26 février), si « La La Land » est nommé 14 fois, « Moonlight » est en lice pour 8 statuettes.

Nous sommes à Liberty City, un quartier déshérité de Miami considéré comme l'une des zones les plus dangereuses des États-Unis – Jenkins le connaît bien, pour y avoir grandi, tout comme le dramaturge Alvin McCraney, auteur de l'histoire. Chiron, un enfant noir de 10 ans, trouve un protecteur contre les brutes de la cité en la personne d'un dealer. On retrouvera le garçon quelques années plus tard, adolescent toujours confronté à la violence et qui vit ses premiers émois amoureux auprès d'un camarade de collège. Puis jeune adulte, devenu en apparence plus fort. Trois chapitres d'un récit d'initiation, trois moments qui façonnent une identité. Et trois comédiens différents.

Dans un contexte de misère, de drogue et d'affrontements sanglants, l'histoire pourrait être désespérante et le style glauque. S'il n'esquive pas la brutalité, voire les atrocités, le cinéaste reste au plus près des émotions de son personnage. Si bien que, malgré ses trois incarnations, on ne peut manquer de partager un peu ses déceptions et ses espoirs.

Quant au style : des angles imprévus, pour imposer un point de vue, des jeux de couleurs pour éclairer ou assombrir l'intime, une alternance de gros plans et de vues larges pour faire respirer.

Et aussi

En haut de l'affiche, cette semaine, « Jackie », de Pablo Larrain : le rôle de Jackie Kennedy dans les jours qui suivent l'assassinat du président en 1963 pourrait valoir à Natalie Portman un oscar (elle est nommée en bonne compagnie, Isabelle Huppert, Emma Stone, Meryl Streep et Ruth Negga). Côté américain, signalons aussi « Gimme Danger », documentaire musical de Jim Jarmusch sur Iggy Pop et les Stooge.

Côté français, plusieurs centaines de salles programment « Raid Dingue », la nouvelle comédie de Dany Boon, sur une jeune femme maladroite (Alice Pol) qui intègre le RAID. Tout autre chose, « Et les mistrals gagnants », d'Anne-Dauphine Julliand, qui, ayant elle-même perdu une petite fille, a suivi cinq enfants gravement malades, à l'hôpital et ailleurs, « un film sur la vie ». Et encore un dessin animé, « Sahara ».

Les cinéphiles s'intéresseront également à « la Femme qui est partie », Lion d'or à Venise, une histoire de vengeance du Philippin Lav Diaz.

Et pour les nostalgiques, à Paris, au Studio Willy Rizzo, 40 photos originales du maître réalisées à Cinecitta dans les années 1950-1960 : Fellini, Sophia Loren, Anouk Aimée, Monica Vitti et quelques autres (www.willyrizzo.com).

 

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9552