Fragonard au musée du Luxembourg

Amour et libertinage

Publié le 08/10/2015
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" Le Verrou », vers 1777-1778

" Le Verrou », vers 1777-1778
Crédit photo : ST. MARÉCHALLE/RMN-GP

Prix de Rome, installé au Louvre, attendu comme un grand peintre d’histoire après sa réception à l’Académie, Fragonard consacre un cinquième de sa production à ces scènes de séduction, en digne élève de Boucher. Il faut dire que l’époque est pétrie de littérature et d’études philosophiques sur les liens entre sensualité et sentiment.

Ses premières toiles sont galantes, dans des bergeries où la femme est très respectée. Elles deviennent plus libertines dans les compositions mythologiques destinées aux boudoirs et aux « petites maisons », véritables garçonnières, où les amours des dieux inspirent celles des hommes. Mais Frago, comme on l’appelle, est aussi sentimental que cru. À son retour d’Italie il est poétique, associant l’amour à la nature, et « poissard », inspiré par les scènes villageoises des maîtres flamands du XVIIe siècle.

Avec le partage de son atelier avec le miniaturiste Baudoin, il glisse du libertinage à l’érotisme, en particulier dans ses gravures des « Contes » très libres de Jean de La Fontaine, bien loin des fables moralisatrices. Il est chargé de nombreuses commandes, mais Madame du Barry, maîtresse de Louis XV, lui renvoie ses tableaux. Elle n’a pas perçu son retour vers l’amour sincère et tendre. Il réinterprète même son fameux « Verrou », dont on ne sait s’il sera fermé ou non, dans une suite moralisatrice, avec un contrat qui annonce le mariage. Inspiré par les fêtes galantes de Watteau, il redonne une place au paysage.

Watteau à Valenciennes

Watteau que l’on retrouve dans sa ville natale, Valenciennes, où le musée des Beaux-Arts vient de rouvrir ses portes après des travaux. L’exposition « Rêveries italiennes. Watteau et les paysagistes français au XVIIIe siècle » présente les sources d’inspiration de l’artiste dans la peinture italienne depuis le XVIe siècle, qui aboutiront à sa nouvelle vision du paysage, elle-même source d’inspiration des grands maîtres du XVIIIe, Natoire, Boucher, Hubert Robert et Fragonard.

– Musée du Luxembourg, tous les jours de 10 à 19 heures, lundis et vendredis jusqu’à 21 h 30, jusqu’à 18 heures les jeudis 24 et 31 décembre et le 1er janvier. Jusqu’au 24 janvier. Tél. 01.40.13.62.00, www.museeduluxembourg.fr.

– Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, du mercredi au dimanche de 10 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 20 heures. Jusqu’au 17 janvier. Tél. 03.27.22.57.20, www.valenciennes.fr.

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du Médecin: 9439