CE N’EST PAS face à l’obstacle qu’il faut se poser la question de ce qui aurait été la meilleure stratégie pour le franchir. C’est avant, quand on a encore du recul et de la marge de manœuvre. Un principe qui s’impose comme un leitmotiv en matière de gestion de patrimoine : il faut an-ti-ci-per !
• Principe n° 1 : anticiper le pire
Parce qu’un budget devient plus facilement déficitaire qu’excédentaire, mieux vaut anticiper en élaborant un prévisionnel. Pour autant, il s’avère difficile d’estimer ses rentrées d’argent quand on exerce en libéral. Une solution : se baser sur ses moyennes des années passées. En revanche, moins de problèmes avec les dépenses, qu’elles soient courantes – loyer, électricité, etc. – ou non – mariage de l’aîné, etc. Objectif de l’exercice : déterminer les périodes où il vous sera possible d’alimenter un volant de trésorerie et les mois où il vous faudra au contraire anticiper des grosses dépenses (rentrée scolaire, impôts…).
Bien entendu, on a beau anticiper, il existe des dépenses imprévues (réfection de la toiture, voiture accidentée) pour lesquelles l’épargne peut s’avérer insuffisante. Un crédit à la consommation reste un recours possible mais il faudra le rembourser dans le temps imparti pour éviter d’augmenter artificiellement ses ressources. Situation plus difficile : celle d’un accident grave touchant l’un des parents. Dès lors, c’est la qualité de vie de toute la famille qui est menacée. Là encore, la solution passe par l’anticipation du pire, en souscrivant à une assurance en cas de décès par accident ou maladie, temporaire ou « vie entière ». Avec des variantes en fonction de la finalité recherchée. Vous souhaitez garantir à vos enfants la possibilité de poursuivre leurs études quoi qu’il arrive ou vous assurer de pouvoir mener à terme le remboursement d’un crédit ? Optez pour une assurance aux effets limités dans le temps. Vous souhaitez donner à vos héritiers les fonds nécessaires au paiement de vos droits de succession ? Souscrivez un contrat « vie entière ».
• Principe n° 2 : anticiper l’achat de son toit
Si vous avez le projet d’acquérir votre résidence principale, sachez d’emblée que les avis sont partagés : certains professionnels recommandent d’attendre que le marché baisse, ce qui semble en train de se produire ; d’autres conseillent le contraire, craignant un retour de l’inflation. Conclusion, soyez prêt à acheter en vous constituant un apport personnel conséquent et, le jour venu, soyez réactif.
Dans la conjoncture actuelle de restriction des crédits, cet apport vous sera utile pour faire accepter votre demande de crédit et obtenir un taux favorable. Généralement, on considère que 10 % d’apport est le minimum sine qua non pour que votre banque daigne vous recevoir, car ils suffiront juste à financer les frais d’acquisition (agence, notaire…). Un « bon » dossier sera celui mettant sur la table un apport d’au moins30 %.
L’accession à la propriété se construit donc comme un projet sur plusieurs années, à force d’épargne progressive sur des produits sans risques comme le plan l’épargne-logement, qui offre une rémunération valable pendant la phase d’épargne et l’octroi d’un crédit à un taux intéressant.
• Principe n° 3 : anticiper les études des enfants
Autre gros poste de dépenses pour une famille : les études des enfants. D’où la nécessité de constituer un pécule spécialement dédié à ce poste. Dans les chiffres, combien faut-il prévoir ? D’après toutes les enquêtes réalisées, la scolarité d’un enfant post-baccalauréat coûte au minimum un SMIC. Mais force est de reconnaître que tout dépend des études que choisiront vos enfants. Si votre progéniture réussit le concours d’entrée de Polytechnique ou d’Ulm, son statut de fonctionnaire résoudra vos questions budgétaires. En revanche, si vos enfants ont la fibre commerciale et se fixent comme objectif HEC, ou s’ils veulent reprendre le flambeau médical, il est grand temps de mettre des sous de côté ! Car les longues années en école de médecine (logement, etc.) ou les frais d’inscription en école de commerce coûtent cher…
Dans la pratique, plusieurs solutions permettent d’anticiper cette dépense en constituant un petit pécule pour chaque étudiant en devenir. À commencer par un livret jeune, plafonné à 1 600 euros (3,20 % bruts au CIC par exemple) et par l’ouverture d’un livret A plafonné à 15 300 euros (2,25 % bruts, nets d’impôts sur le revenu). Puis, afin de constituer une épargne plus importante, un contrat d’assurance-vie ouvert au nom de l’enfant, pourra aussi être alimenté, au fil des années, par les chèques familiaux d’anniversaire ou de Noël. À noter : la rédaction d’un pacte-adjoint lors de son ouverture limitera ses possibilités d’utilisation au seul financement de ses études. Dans tous les cas, n’oubliez pas que la maladie ou un accident peut vous empêcher d’alimenter ce contrat. Une situation que votre complémentaire santé prend peut-être en charge… ou non. Dans cette seconde hypothèse, si vous n’avez pas souscrit d’assurance décès-invalidité, il peut être intéressant d’opter pour un contrat rente-éducation (versement d’une rente du montant choisi lors de sa souscription jusqu’aux 25 ans du bénéficiaire).
• Principe n° 4 : anticiper vos vieux jours
Vos enfants se sont envolés du nid, votre crédit immobilier est remboursé… et pourtant, il va encore vous falloir prévoir l’avenir. En l’occurrence, « votre » avenir pour ne pas risquer devenir une charge trop lourde pour vos enfants. Les problèmes à anticiper ? En premier lieu, celui d’une pension de retraite insuffisante pour garantir le maintien de votre niveau de vie, puis, l’âge venant, le risque de dépendance. Pour ceux qui disposent d’un patrimoine conséquent, l’heure est à l’anticipation de la transmission, afin d’éviter aux héritiers d’avoir à acquitter des droits trop élevés.
Dans cette quête de tranquillité, les placements ne manquent pas : immobilier locatif, assurance-vie, contrats Madelin, contrat dépendance, etc. Reste à choisir le bon, surtout quand, sur fonds d’économies budgétaires, les règles du jeu sont modifiées tous les trois mois. Face à cette large palette de produits, difficile de proposer un hit-parade des meilleurs placements : à chaque type de famille correspond un produit plus adapté que les autres.
Prenons l’exemple de l’investissement locatif. En ces périodes de troubles financiers, la pierre est un placement rassurant : les loyers permettront de compléter une retraite, et le studio pourra loger les enfants lorsqu’ils feront des études supérieures. Pour autant, un investissement locatif nécessite d’avoir des revenus et ne pas être endetté : vous ne pourrez pas à la fois rembourser le crédit de votre habitation principale et investir dans du locatif, car votre capacité d’endettement est limitée au prorata de vos revenus. Votre choix doit porter sur un appartement situé dans un quartier où il existe une demande locative et dont le prix n’est pas surévalué sous prétexte d’un avantage fiscal à la clé. Payer 50 000 euros de plus un logement qui vous fait miroiter 40 000 euros d’avantage fiscal n’a aucun sens ! Si ce logement doit être loué, il faut le financer par un crédit dont les intérêts seront déductibles des revenus fonciers perçus. Enfin, n’oubliez pas que la pierre peut se faire « papier », en achetant des parts de SCPI ou d’OPCI (Société civiles de placement immobilier/Organisme de placement collectif immobilier). Les avantages sont indéniables, même si le produit a évidemment un coût : exit les réunions de copropriétés, mutualisation des risques (loyers impayés, etc.), diversification du portefeuille immobilier (bureaux, habitations, murs de commerce) ou spécialisation sur le plus lucratif à l’instant « t » (murs de commerce par les temps qui courent). Autre possibilité : effectuer des versements sur un contrat d’assurance dit ACAVI (Assurance à capital variable immobilier), c’est-à-dire dont l’actif est investi dans l’immobilier.
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