Chassez la coercition, elle revient au galop. Alors que le ministère de la Santé exclut toute contrainte à l'installation des médecins libéraux pour améliorer l'accès aux soins, les élus locaux, réunis par l'association des maires de France (AMF) en congrès jusqu'au 24 novembre à Paris, poussent toujours plus dans cette direction.
Lors d'une table ronde organisée ce mercredi sur l'accès aux soins, plusieurs édiles – de tous bords – ont raconté les difficultés de leur territoire face à la désertification médicale, réclamant des mesures plus fortes voire punitives.
À Eauze, dans le Gers, Michel Gabas (LR) a dû faire appel à des praticiens espagnols, faute de remplaçants pour quatre des médecins de sa commune. Face à cette situation « ubuesque », le maire, par ailleurs pharmacien, souhaite la mise en place d'une « licence », qui conditionnerait l'installation géographique des praticiens. « Il y aurait une liberté de s'installer… mais seulement là où il y a des licences disponibles. L'État finance les études des professionnels, il est normal d'avoir un retour pour la population », a expliqué le maire, très applaudi par la salle.
Argent de poche
Cette régulation des implantations médicales fera l'objet d'une discussion prochaine à l'Assemblée nationale. Une proposition de loi (PPL) du groupe de travail transpartisan sur l'accès aux soins, mené par le député de la Mayenne (Nupes) et ancien maire de Laval, Guillaume Garot, est sur le point d'être déposée. Elle portera sur le conventionnement sélectif des médecins, prioritairement dans les zones sur-denses, a indiqué Nicolas Sansu, député de la Nupes et membre du groupe de travail. « Maintenant, il faut que ça change ! », a plaidé l'ex-maire de Vierzon (Cher).
Au-delà de l'installation, certains élus ont déploré un « manque de temps médical », et souhaiteraient parfois un nombre minimum d'heures assurées par les médecins dans leurs cabinets. « On se demande si médecin, ce n'est pas un job temporaire pour s'assurer de l'argent de poche », a interrogé de manière très provocatrice le maire de Saint-Claude (Jura), là encore salué par l'auditoire.
Refus du ministère
Malgré ces coups de boutoir, le ministre de la Santé François Braun, venu spécialement sur place, a rappelé son opposition à la coercition. « Ce n'est pas une solution, le traitement sera pire que le mal, a-t-il redit, avant de renvoyer vers le CNR santé et les solutions qui en émergeront. Je ne crois pas qu'il y ait des zones surdenses (...) Cela créera des inégalités terribles, les internes ne voudront plus s'installer. »
Ségur prône plutôt le partage des tâches entre professionnels de santé pour dégager du temps pour les médecins. La ministre déléguée à l'organisation territoriale Agnès Firmin le Bodo, également présente, appelle à « mettre en musique » l'accord inter-Ordres (Clio) sur les transferts d'activités et l'accès direct à certains professionnels de santé. « Chacun doit faire des pas vers l'autre, des petits pas, et des grands pas ».
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