À l'heure du bilan Macron, le SML ne tourne pas autour du pot. « Dépeçage » des compétences médicales, « indigence tarifaire », confiscation de la convention prolongée d’autorité et aggravation de la crise des vocations : « c'est loin d'être positif », enfonce le Dr Philippe Vermesch, président du syndicat.
Pour le stomatologue du Var, « la crise sanitaire n'explique pas tout ». Depuis 2017, « le gouvernement a fait le choix d'une politique structuro-centrée qui ne fonctionne pas alors que les solutions de coordination autour du patient, portées par les libéraux, sont dédaignées ». De fait, le SML a toujours critiqué les structures jugées trop rigides comme les maisons de santé ou les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui « laissent de côté 85 % des médecins ».
Côté honoraires, en imposant la prolongation de la convention médicale, empêchant toute évolution tarifaire avant fin 2023, le gouvernement aurait « outragé » la profession. Le syndicat déplore par ailleurs le « démantèlement inédit des compétences du médecin au profit d'autres professions moins qualifiées dans une spirale de dumping sanitaire ».
Bref, au terme du quinquennat, la médecine libérale est entrée dans « une grave crise » qui aggrave les difficultés d'accès aux soins.
Compagnonnage et statut de médecin successeur
Pour « ranimer » la médecine de ville, le SML porte plusieurs propositions, parfois défendues de longue date. La lutte contre les déserts médicaux, « urgence nationale », est la priorité. « La coercition n'est pas la solution », coupe d'emblée le Dr Vermesch. Il mise sur des solutions peu explorées comme l'ouverture de l'Université aux enseignants libéraux ou la mise en place d'un stage par an en cabinet libéral à partir de la troisième année. Et pour les internes, « ce stage sera de six mois pour toutes les spécialités ». Le SML appelle au passage à « généraliser le compagnonnage des étudiants par les médecins libéraux pour toutes les spécialités dès la 3e année d'étude ».
Pour favoriser l'installation dans les territoires déficitaires, il propose de créer un « contrat de solidarité de succession active » et un « statut de médecin successeur ». Cette évolution permettrait au médecin nouvellement installé de faire appel au praticien auquel il succède pour « prendre le relais » en cas de congé maternité par exemple.
Pour dégager du temps médical, le SML veut pousser le financement des assistants médicaux par l'Assurance-maladie, aujourd'hui « insuffisant ». « Chaque médecin doit avoir un assistant à temps plein », insiste le Dr Vermesch.
Et pour attirer et fidéliser les praticiens dans les zones sous-dotées, la solution du SML est la « franchise d'impôt sur le revenu de l'activité médicale » pendant au moins dix ans. Autre mesure : le retour du médecin volant, un dispositif promu par le syndicat avec « des incitations financières et fiscales ».
Valeur de l'acte selon l'expérience !
La revalorisation de la rémunération est la deuxième priorité. Le président du SML revendique une hausse de la consultation de base « au minimum à 45 euros ». Il souhaite « indexer les actes sur les coûts de la pratique », « ouvrir la voie à une activité non conventionnelle solvabilisée majoritairement par les assureurs complémentaires » ou encore « construire une progression de la valeur des actes en fonction de l'expérience et des années d'installation ». Autre requête : créer « des consultations longues aux âges clés de la vie ». « Cela se fait déjà en dentaire avec le dispositif MTdents », note le Dr Vermesch.
Encore faut-il négocier une nouvelle convention médicale. Pour le SML, elle devra comporte le remplacement de la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) actuelle par une « Rosp prévention ». Il appelle aussi de ses vœux un « secteur unique comportant des espaces de liberté tarifaire pour l'ensemble des médecins », ce qui équivaudrait à généraliser l'option de pratique tarifaire maîtrisée (Optam).
Autre revendication : l'intégration du samedi matin dans la permanence des soins ambulatoire (PDS-A, avec tarifs majorés) et le paiement des astreintes de tous les spécialistes en établissement de santé. « Il n'est pas normal que les radiologues ne soient pas rémunérés », explique le Dr Vermesch.
À l’instar du Ségur pour l'hôpital, l'investissement financier pour cette convention médicale devra être « à la hauteur des enjeux », estimé à « deux milliards par an, soit 10 milliards sur la durée de la convention ».
Transferts… sous conditions
Dans le sillage de l'intersyndicale Libéraux en santé, dont le SML est l'un des membres fondateurs, il défend la mise en place d'équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap), une forme souple de coopération notamment en zones sous denses. Si le syndicat n'est « pas hostile » aux transferts de compétences, ces évolutions doivent respecter un cadre strict. « Le médecin traitant doit être informé et retrouver des honoraires liés à cette coordination », prévient le Dr Vermesch.
Dans le cadre des soins non programmés, le syndicat réclame un « service d'accès aux soins (SAS) territorial libéral », avec le numéro 116 117 comme porte d'entrée, en lien avec le 15. Et pour que les pratiques à distance se développent, le SML veut supprimer le quota maximum de 20 % d'actes de téléconsultation.
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