Invitée ce vendredi de la convention du Centre national des professions de santé (CNPS), à Paris, Marisol Touraine s’est employée, au cours d’un long discours, à rassurer les professions libérales qui s’alarment d’une politique de santé beaucoup trop « hospitalocentrée ».
Point d’orgue de son intervention, ces deux phrases qui sonnaient comme un engagement envers les 360 000 libéraux de santé, à l’heure où se construit la future stratégie nationale de santé. « Rien ne se fera sans vous ! Rien ne se fera contre vous ! », a lancé la ministre de la Santé à un auditoire attentif de médecins, infirmières, kinés, pharmaciens, orthophonistes...
Chassang réclame une dés-hospitalisation massive.
Cinq minutes plus tôt, le patron du CNPS, le Dr Michel Chassang, avait égrené devant la ministre les nombreux motifs d’inquiétude de son intersyndicale : oubli des libéraux dans les travaux du nouveau comité des sages chargé d’élaborer la future réforme ; crainte de revivre la « mascarade » des EGOS (phase préalable à la loi HPST) ; refus de toute étatisation larvée de la santé ou de filières pilotées par un « gatekeeper » ; rejet du salariat généralisé ; inquiétudes sur le contournement des numerus clausus et la délivrance diplômes santé reconnus nulle part... « Les libéraux de santé sont des entrepreneurs et leur dynamisme est une chance pour les patients », a résumé Michel Chassang. Il a appelé de ses vœux une « dés-hospitalisation massive » et un investissement significatif sur les soins de ville qui « ont permis une économie substantielle de plus d’un milliard d’euros » en 2011 et 2012.
Gages
Certes, Marisol Touraine n’est pas allée aussi loin. Mais elle a donné plusieurs gages aux libéraux, saluant au passage une organisation (le CNPS) capable de parler « d’une seule voix ».
Les moyens ? La ministre a rappelé que plus de « 300 millions d’euros » de revalorisations seraient engagés en 2013. L’exercice libéral ? Les jeunes médecins le découvriront plus précocement avec des stages ambulatoires généralisés dans toutes les facultés au cours du deuxième cycle.
La qualité des formations et des diplômes ? La ministre s’est montrée ferme avec le très décrié centre universitaire Pessoa. Le procureur de la République a été saisi (à Toulon et Béziers) car ce centre « ne dispose pas d’autorisation de délivrer des diplômes », a insisté la ministre.
La sécurité des libéraux ? Après une série d’agressions (généralistes, dentiste...), Marisol Touraine a engagé un travail sur ce dossier avec le ministre de l’Intérieur. Elle veut avancer aussi sur le tiers payant, l’idée étant de faire circuler moins d’argent dans les cabinets.
Sur la question sensible des refus de soins, la ministre a admis qu’il n’est pas « simple de les caractériser » même si « quand de telles pratiques sont avérées, il faut les sanctionner ». Le gouvernement a saisi le défenseur des Droits sur ce dossier.
Au chapitre de la simplification, Marisol Touraine a annoncé l’abandon des mentions manuscrites pour la prescription des pilules de 3e et 4e génération. L’Agence nationale du médicament (ANSM) avait imposé au médecin prescripteur, en cas de prescription d’une pilule de 3e ou de 4e génération, de confirmer par écrit à la main qu’il avait vérifié que l’état de santé de sa patiente était compatible avec ce type de contraceptifs oraux.
Les ARS vont travailler davantage avec les libéraux.
Quant à la fameuse stratégie de santé annoncée par Jean-Marc Ayrault, elle devrait permettre de recentrer l’hôpital « sur les missions qui sont les siennes ». En ville, la structuration des équipes de soins ambulatoires, objectif affiché, ne suivra pas un modèle unique. En revanche, la rémunération de ces équipes (forfaits) récompensera des avancées concrètes : plages horaires étendues, coordination des interventions, partage des informations, délégations... La forme juridique de la SISA (société interprofessionnelle de soins ambulatoires) pourrait évoluer si besoin.
Enfin, la ministre a eu un mot de mise en garde à l’attention des... agences régionales de santé, invitées à se rapprocher davantage des libéraux de santé. « Les ARS sont des administrations récentes », qui ont une culture plutôt hospitalière, a admis la ministre. Mais son message a été clair : il n’y a qu’une seule stratégie de santé et l’administration régionale doit maintenant l’appliquer. « Ma politique fait une place centrale aux libéraux », a-t-elle conclu,arrachant quelques applaudissements à son auditoire.
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur