Quelle va être la suite donnée au « mouvement historique » de fermeture des cabinets médicaux les 1er et 2 décembre derniers ? Ce lundi matin, le président des Généralistes-CSMF a salué la mobilisation des praticiens de son département pendant ces deux jours. « Cela s'est très bien passé, a répondu le Dr Luc Duquesnel au « Quotidien ». La plupart des confrères ont suivi le mot d'ordre. » L'appel à la grève avait été lancé, au départ, sur les réseaux sociaux par le jeune collectif « Médecins pour demain », qui a rassemblé en quelques semaines près de 15 000 membres sur Facebook.
Selon la Dr Christelle Audigier, fondatrice de ce mouvement, un sondage lancé par le groupe « apolitique et asyndical » sur les réseaux sociaux a révélé que sur les 11 000 praticiens ayant répondu, « 90 % ont déclaré avoir fermé leurs cabinets sur les deux jours de grève ». « La grève a été homogène partout », met en avant la généraliste de Craponne (Lyon) qui cite plusieurs régions en pointe comme l'Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine, le Grand Est ou l'Île-de-France.
Grève illimitée
Au cœur de la revendication du collectif : le doublement du tarif de la consultation de base (25 à 50 euros). Pour l'heure, « Médecins pour demain » ne semble pas vouloir laisser de répit au gouvernement et à la Cnam. Dimanche soir, il a lancé « pour un mois » un autre mouvement de protestation en appelant les médecins à utiliser les feuilles de soins papier, « sauf pour les patients qui bénéficient d'un tiers payant obligatoire ». Le groupe a aussi programmé une réunion mardi soir pour décider « d'autres actions à venir comme la fermeture des cabinets ou la grève des gardes » afin de peser sur les négociations conventionnelles.
« Si nous ne sommes pas entendus, nous appellerons à la grève dure et illimitée à partir du 26 décembre », affirme la Dr Audigier, qui attend avec impatience sa rencontre avec le ministre de la Santé. Lors de la manifestation parisienne, François Braun avait, en effet, assuré au collectif « Médecins pour demain », qu'il était prêt à « discuter » avec lui, y compris en parallèle des négociations conventionnelles avec les syndicats officiels. « Ma porte est ouverte », a-t-il assuré.
Choc d'attractivité
De leurs côtés, quasiment l'ensemble des syndicats de médecins libéraux avait suivi le mot d'ordre de fermeture des cabinets durant les deux jours. À présent, ils attendent impatiemment les réunions bilatérales prévues cette semaine avec l'Assurance-maladie pour prendre la température.
Le syndicat Généralistes-CSMF a déjà programmé une réunion de son comité directeur ce vendredi pour se prononcer après la bilatérale qui aura eu lieu la veille. « C'est simple: soit la Cnam fait des propositions par rapport à ce que nous avons demandé, soit il n'y a rien ou pas grand-chose, alors je sais ce que le comité directeur décidera », annonce le Dr Duquesnel.
Réuni en assemblée générale ce week-end, MG France a confirmé son comité directeur élu en juin dernier et décidé de la poursuite du mouvement des « Vendredis de la colère » initié en novembre. L'organisation veut prendre à témoin « les patients des risques que font courir les projets de lois nuisibles à la cohérence du parcours de soins et à la qualité du système de santé ».
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