Hollande, mutuelles, liberté d’installation, RTT…

Xavier Bertrand : vœux « politiques » et plaidoyer pro domo

Publié le 26/01/2012
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Crédit photo : Emma

NICOLAS SARKOZY ne s’est pas encore déclaré candidat à la présidentielle mais Xavier Bertrand est déjà en campagne. Lors de la cérémonie des vœux à la presse, le ministre de l’Emploi et de la Santé a alterné entre défense du bilan, « service après-vote » et piques contre le candidat socialiste.

Le premier message est celui d’un exécutif protecteur. « Dans cette crise, nous avons voulu en permanence protéger les Français et notre système social a joué un rôle d’amortisseur », a-t-il résumé, avant d’apostropher les journalistes. « Dans quel autre pays du monde vous préféreriez être soigné ? ».

Sur la santé, le ministre a souligné la défense par la majorité des « fondamentaux », au premier rang desquels la liberté d’installation des médecins libéraux, présentée comme un marqueur de droite. « Si on oublie demain le mot libéral, il n’y aura plus de performance, a-t-il assuré. La liberté d’installation, c’est le meilleur choix ! Et quand je vois la sottise de certaines propositions à gauche consistant à remplacer les médecins par des vétérinaires… ». Une allusion à la suggestion d’une élue socialiste bourguignonne, Françoise Tenenbaum, adjointe à la mairie de Dijon, qui a envisagé récemment de faire appel aux vétérinaires pour remplacer les praticiens dans les communes rurales. S’agissant de la lutte contre les déserts médicaux, le ministre de la Santé s’est réjoui au passage de l’impact des mesures incitatives. « Nos choix commencent à porter leurs fruits. Depuis un an, il y a eu davantage d’installations en milieu rural que de départs à la retraite ». Quant à la prévision de 250 maisons de santé pluridisciplinaires à la fin de 2012, elle sera largement dépassée, assure-t-il. « On en est déjà à 230 MSP et il y a 450 projets en cours ». « On a explosé les objectifs! », s’est enflammée Nora Berra, qui présentait aussi ses vœux.

Même satisfecit sur l’accès aux soins, en dépit d’enquêtes alarmistes sur le renoncement aux soins. Xavier Bertrand a rappelé le relèvement régulier depuis deux ans du plafond d’attribution de l’ACS (aide à la complémentaire santé) avant de tacler… les mutuelles santé. « Elles ont fait beaucoup de publicité dans les médias [pour protester contre la taxe sur les contre responsables], a-t-il ironisé. On aurait aimé aussi que les mutuelles fasse la promotion de l’ACS, ce serait rendre service au patient ». Des mutuelles qui, ajoute le ministre, ont un « impératif de transparence » en matière de tarifs pratiqués et de fixation des cotisations. « Il n’y a pas d’un côté le méchant gouvernement et de l’autre les gentilles mutuelles », a-t-il raillé, agacé par la campagne de la Mutualité française qui dénonce depuis des mois les choix du gouvernement, à coup de pétitions et forums régionaux.

Concernant la question sensible des dépassements, Xavier Bertrand veut croire à une issue « rapide » sur le secteur optionnel (une nouvelle réunion conventionnelle est programmée demain) qui implique cette fois les complémentaires santé. « L’Ordre des médecins s’est engagé à faire respecter le tact et mesure », a-t-il également relevé (lire aussi ci-dessous).

Plus largement, il s’est réjoui des accords conventionnels récemment conclus avec plusieurs professions libérales de santé. « Chez les médecins, il n’y a jamais eu autant de signataires ! Cette convention, regardez-la bien, elle sera toujours une référence dans 20 ans ». Dans un autre registre, il a souhaité une amélioration de la permanence des soins dentaires.

Extrapolation.

Accusé - dans l’affaire des jours de RTT stockés à l’hôpital depuis 10 ans - d’avoir octroyé un « cadeau » à 600 millions d’euros aux médecins hospitaliers (à raison de 300 euros par journée de RTT dans la limite de 80 jours), le ministre a tenté de désamorcer cette délicate polémique, sans forcément convaincre. « On a parlé de 600 millions d’euros ! Ces montants cités ne sont pas exacts. Vous pouvez d’abord diviser ce chiffre par deux car personne ne sait combien de praticiens choisiront cette option (la monétisation des jours de RTT). Ensuite, vous pouvez le diviser...par cinq (étalement de la facture pour les hôpitaux sur la période). Il n’y a aucune cagnotte ou cassette mystérieuse dont bénéficierait l’hôpital ».

Sur le médicament, comme demain sur les dispositifs médicaux, Xavier Bertrand estime avoir tiré les leçons des scandales (Mediator, PIP), l’objectif étant de rétablir la confiance avec des mesures énergiques.

D’ici aux élections, il ne promet plus de « grande loi santé » mais plusieurs adaptations (prolongement de l’exercice des médecins à diplôme étranger dans les hôpitaux, biologie médicale, évolution des dispositions concernant les soins funéraires pour les victimes du sida et d’hépatites, don du sang pour les homosexuels...). Sur la réforme de la santé au travail, les décrets seront publiés « dans les semaines qui viennent ». Enfin, dix ans après la loi Kouchner (2002), il promet de « jeter les bases » d’une nouvelle loi sur les droits des patients.

CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 9073