AU PETIT MATIN et en catimini... Lundi 12 décembre, le ministre de la Santé Xavier Bertrand s’est rendu à Cergy (Val d’Oise) dans le centre médical du Bontemps, à la rencontre des trois généralistes qui y travaillent. Pas de tour du propriétaire, ni de grand discours médiatique, mais une visite de terrain censée permettre des échanges plus directs. Posément, le ministre a écouté pendant une bonne heure les Drs Yann Thomas-Desessarts, Dominique Dugit-Gros et Philippe Vigouroux parler de leurs difficultés d’exercice et, plus précisément, du temps superflu consacré aux tâches administratives au détriment du temps médical accordé au patient. « Le ministre, accompagné de la directrice de la CPAM 95, est surtout venu voir si les nouveaux outils de simplification administrative développés en partenariat avec les caisses fonctionnent », raconte au « Quotidien » le Dr Thomas-Desessarts.
Le verdict n’est guère reluisant. Comme beaucoup de médecins généralistes, les trois praticiens de ce grand centre médical (qui regroupe une bonne dizaine de professionnels de santé) sont confrontés aux dysfonctionnements de l’Espace pro du site ameli.fr, plateforme de téléservices censée faciliter la vie des médecins. « Plus précisément, nous rencontrons un problème technique de compatibilité entre notre logiciel médical et celui de l’assurance-maladie », ajoute le Dr Thomas-Desessarts, qui connaît bien son sujet en sa qualité de directeur du département internet de la Société française de médecine généraliste (SFMG). « La caisse voudrait que tous les médecins utilisent ameli pro quotidiennement pour lui signifier les prescriptions d’arrêt de travail, les déclarations du médecin traitant, et autre protocoles de soins, analyse le Dr Francis Dubois, président de MG France 95. Si c’est pour dégager du temps médical à consacrer au patient, le but est louable, mais pour l’instant, c’est techniquement inconcevable ».
Les limites de l’exercice.
Xavier Bertrand, en fin politique « animé d’une volonté de résoudre les problèmes », qui « connaît indiscutablement ses dossiers », a fait plutôt bonne impression au Dr Thomas-Desessarts et à ses confrères, satisfaits d’être écoutés, et peut-être entendus. Pourtant, le ministre de la Santé n’a pas semblé en mesure de répondre concrètement aux interrogations des trois médecins sur l’un de ces sujets de prédilections, la simplification. « Un problème qui peut nous paraître très simple sera peut-être très compliqué pour le ministère et l’assurance-maladie », relève le Dr Thomas-Desessarts. Les trois généralistes voudraient améliorer leur communication avec l’assurance-maladie avec l’instauration d’une messagerie privée et sécurisée, secret médical oblige, et « parce que le téléphone avec la CPAM, c’est pas toujours évident ». « Devant notre requête, ajoute ce médecin, Xavier Bertrand s’est d’abord tourné vers la directrice de la CPAM, puis vers son staff et nous a finalement dit que...c’était en cours de réalisation ».
Du lard ou du cochon ? Cette discrète visite de terrain, le Dr Dubois ne sait pas trop comment l’interpréter : « Si Xavier Bertrand s’est déplacé aux aurores pour prendre conscience de la réalité de notre profession, c’est une bonne chose. Mais rien n’est plus sûr ». À cinq mois de la présidentielle...
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