En s'attaquant frontalement aux honoraires libres, Manuel Valls a sans doute gagné quelques voix auprès des électeurs de la primaire à gauche (22 et 29 janvier). Mais l'ancien Premier ministre socialiste a assurément perdu des soutiens dans la profession.
Au sein de son programme d'une cinquantaine de pages, le candidat à l'Élysée affiche en tout cas sa volonté d'« en finir avec les dépassements d'honoraires en secteur II conventionné » afin d'améliorer l'accès aux soins. Sans préciser le calendrier, Manuel Valls propose une « convergence tarifaire progressive vers un tarif unique et opposable ». Selon lui, cette évolution s'impose car « la pratique des dépassements d'honoraires constitue une brèche dans notre système de santé qu'il faut résolument combler ».
La profession n'a guère apprécié cette charge frontale. « Cette mesure est électoraliste, démagogique et inapplicable, tempête le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF). Manuel Valls commence mal sa campagne. »
Remède pire que le mal
Pour les syndicats, la suppression pure et simple du secteur II, soupape tarifaire mise en place en 1980, n'a aucun sens au regard de la valeur des actes médicaux. Selon la CSMF, le remède proposé serait pire que le mal. « On ne soigne pas la fièvre en cassant le thermomètre, déclare son président le Dr Jean-Paul Ortiz. Comment enrayer le désengagement de la Sécurité sociale, voilà la question qu'il faut se poser ! »
Opposée à la « diabolisation du secteur II », la CSMF souligne que les dépassements sont indispensables à la survie de certaines spécialités médicales et chirurgicales en ville, disciplines confrontées à une « hausse exponentielle des charges, notamment pour l’assurance de responsabilité civile professionnelle médicale ». Le leader confédéral met en garde les responsables politiques, de gauche comme de droite. « Ils doivent arrêter de nous dénigrer et de déstructurer l'offre de soins libérale, clame le Dr Ortiz. Les médecins libéraux vont mal, ils ont besoin d'être écoutés et soutenus, pas d'être systématiquement montrés du doigt ».
Le secteur II s'impose d'autant plus que les tarifs médicaux français sont parmi les plus bas d'Europe, insiste le Dr Philippe Vermesch, nouveau patron du SML, centrale qui regroupe de nombreux praticiens à honoraires libres. « La gauche a un dogme qui est la santé en tiers payant pour tout le monde et à moindre prix, avance-t-il. Elle favorise l'hôpital et ne veut pas de la médecine libérale. »
Estimant que le secteur II a subi une « discrimination » dans la dernière convention (de nombreux avantages tarifaires sont réservés aux seuls médecins en secteur I), le syndicaliste prend au sérieux la menace de Manuel Valls. « Si la gauche repasse, la médecine libérale sera étatisée dans quelques années », pronostique-t-il.
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