Un psychiatre installé au Mans a été mis en examen mercredi 10 janvier pour « viols et agressions sexuelles ». C'est ce que révèlent les médias locaux comme France Bleu, mais également le site d'informations Mediapart.
Selon ces derniers, l'information judiciaire a été ouverte après le passage en garde à vue du médecin la semaine dernière, pendant 48 heures. Elle fait suite à la plainte d'une patiente, déposée à la mi-décembre. Si c'est la première plainte déposée devant la justice à l'encontre de ce spécialiste, il a en revanche fait l'objet d'une série de plaintes devant l'Ordre des médecins, restées sans suite pour la plupart, comme l'explique Mediapart.
Accusé à trois reprises de viol, en 1995, en 2004 et en 2017, le médecin s'est vu condamné en octobre 2017 à trois mois de suspension pour « gestes déplacés sur ses patientes ». La qualification de viol n'a pas été retenue par la chambre disciplinaire de première instance « faute de preuves ». Mais dès 1980, le mari d'une des patientes avait écrit un courrier à l'Ordre, indiquant que sa femme « fragile » lui avait avoué des relations sexuelles avec le praticien.
« Manipulation morale »
Selon les témoignages des femmes qui ont porté plainte contre ce médecin, recueillis par France Bleu, le psychiatre leur caressait les cheveux, les embrassait ou encore leur demandait d'enlever leurs vêtements lors des consultations, pour ensuite avoir des relations sexuelles avec elles. L'une d'elles, suivie depuis 2001 par le médecin après le décès de son mari, finit par porter plainte pénalement « à la suite de l'affaire Weinstein et après avoir arrêté un médicament ». « Je me suis rendu compte qu'il m'avait manipulée physiquement et moralement », témoigne-t-elle, en précisant qu'elle n'a pas réagi car elle était très fragile au moment des faits.
Une autre femme affirme avoir été victime d'attouchements sexuels répétés et d'un viol à partir de ses 16 ans – le médecin est l'un des seuls à être aussi pédopsychiatre dans le département. Elle consultait « à la suite du suicide de son frère et de la séparation de ses parents », rapporte Médiapart. Selon elle, le médecin aurait utilisé son traumatisme lors du passage à l'acte « en se décrivant comme son grand frère un peu incestueux ». Sa plainte devant l'Ordre n'aboutira pas. Seule celle déposée en 2016 aboutira à une sanction en 2017, la suspension d'exercice, dont le psychiatre a fait appel.
Âgé de 72 ans, installé depuis près de 40 ans, le médecin exerçait toujours, jusqu'à la semaine dernière. En 2015, il avait été élu au sein de l'URML Pays de la Loire au sein du 3e collège (spécialistes), sur la liste du Syndicat des médecins libéraux (SML).
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