Ils sont six, quatre médecins généralistes et deux infirmiers, à vouloir faire de la médecine « autrement ». Moins de prescriptions à rallonge, plus d’écoute, de social. Leur rêve : implanter un centre de santé communautaire dans le 15e arrondissement marseillais. Un territoire marginalisé au nord de la cité phocéenne, à 12 km du centre-ville, où sévissent la gale, la teigne et la tuberculose.
Les besoins sont immenses. Deux tiers des familles vivent sous le seuil de pauvreté, la densité médicale est quatre fois inférieure à la moyenne nationale. Une médiatrice santé sert de relais entre les rares professionnels et les habitants. Elle traduit, décrypte les ordonnances, explique les maladies. Un rôle précieux : « J’ai la grippe, pour un Comorien, cela veut dire j’ai un rhume. Pour certains Africains, plus le médecin prescrit, meilleur il est », expose l’un des généralistes impliqués dans le projet.
Ses confrères et lui sont passés par la case sociale ou Médecins du Monde. Leurs expériences en cabinet libéral les ont déçus. « Ceux qui enchaînent les actes sans faire d’éducation entretiennent la situation. La longévité est-elle notre objectif ? Je préfère aider les gens à vivre mieux », déclare le généraliste, qui fait des remplacements en attendant que le projet voie le jour.
Créer des ateliers et des groupes de parole, développer l’éducation, la prévention, suppose un nouveau modèle économique : même salaire pour tous, tiers payant élargi, secteur I. « Sans subventions, on ne tiendra pas », observe le jeune praticien, qui espère un soutien des tutelles. « Nous sommes portés par une éthique, complète une infirmière. Aujourd’hui, le patient consomme des soins, il n’est pas positionné comme acteur. Nous voulons faire avec les gens, pas à leur place ».
S’inquiètent-ils de l’insécurité ? « Je n’ai jamais eu de problème en bas des tours, reprend le généraliste. La vraie violence, elle est dans la précarité. À Marseille, il n’y a pas de fonctionnement en réseau. Cela aggrave les inégalités ». Et n’aide pas à désengorger les urgences hospitalières.
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