LE QUOTIDIEN - Pour l’IGAS, le modèle des centres de santé est « structurellement boiteux ». Comment changer la donne ?
Dr ALAIN BEAUPIN - L’IGAS a souligné que les centres de santé fournissaient du très bon travail, avec un mode d’organisation qui répond aux besoins de la population. La difficulté, qui ne demande qu’à être résolue, est qu’il manque toujours un financement adapté ! La coordination pluriprofessionnelle des soins réclame beaucoup de temps, il faut maintenant la rémunérer. Les centres sont victimes d’un effet ciseau avec, d’un côté, cette coordination chronophage pour les professionnels et, de l’autre, un établissement qui ne reçoit en retour que le prix des actes, dont le nombre diminue justement grâce au travail en équipe. Il y a une discordance. Aujourd’hui, les pratiques innovantes des centres de santé existent grâce à des collectivités qui jugent que rémunérer cette performance fait partie du service public au même titre que les routes ou l’enlèvement des ordures. Mais on ne peut plus demander à ces collectivités de se substituer à la solidarité collective...
Le tiers payant est jugé très coûteux dans les centres de santé. Ne peut-on pas mieux gérer cette pratique ?
Le coût de la pratique du tiers payant, c’est une lourdeur administrative héritée de l’accord national de 2003.
L’IGAS propose de s’inspirer de ce qui marche ailleurs, notamment chez les pharmaciens.
Comment faire pour rendre les centres de santé plus visibles et plus attractifs ?
J’ai assisté récemment à un débat sur le thème "comment attirer les jeunes médecins dans les déserts médicaux". Une interne a pris la parole pour dire "c’est très simple, proposez-leur 5 000 euros par mois et les 35 heures". C’est exactement ça. Les motivations des jeunes qui s’engagent dans le dispositif du praticien territorial de médecine générale sont identiques : couverture sociale, congés maternité, plancher de revenus. Pour le reste, les centres de santé n’ont pas de problème de visibilité à l’égard des patients. Nous aurions plutôt une difficulté pour répondre à la demande....
› PROPOS RECUEILLIS PAR H.S.R.
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