LE QUOTIDIEN – Le gouvernement prépare un plan d’économies pour l’assurance-maladie incluant un volet de maîtrise des prescriptions d’un montant de 550 millions d’euros. Cet objectif vous paraît-il réalisable ?
GÉRARD DE POUVOURVILLE – Sur les génériques, il y a encore des gisements importants d’économies réalisables. Je ne suis pas sûr que le taux de pénétration des génériques du Plavix par exemple, dont le brevet est tombé fin 2009, soit à son niveau maximum. De plus, l’Atorvastatine (Tahor) va perdre son brevet en 2011. C’est un médicament qui a, à lui tout seul, généré environ 300 millions d’euros de remboursement par an par l’assurance-maladie. N’oublions pas qu’au cours des sept ou huit dernières années, les génériques ont permis d’économiser 5,5 milliards d’euros.
Le CAPI (contrat d’amélioration des pratiques individuelles), déjà signé par près de 15 000 médecins, peut-il jouer un rôle renforcé dans cette maîtrise des prescriptions ?
Effectivement, du côté des médecins, c’est essentiellement par le biais du CAPI que l’incitation à prescrire plus de génériques se fait. Car les médecins qui n’ont pas signé de CAPI n’ont pas d’incitation directe sur ce point, à part les engagements pris dans le cadre de la dernière convention, qui ont peu été suivis d’effet. Le CAPI est loin d’avoir donné tout son rendement, même si une inconnue subsiste sur le nombre de nouveaux médecins qui vont encore le signer. Ce plan de 550 millions d’euros d’économies sur les prescriptions n’est donc pas complètement irréaliste, compte tenu des masses financières que représente le générique. Il pourrait être atteignable sans même qu’une pression trop forte soit instaurée sur les volumes prescrits en général. On sait que le volume de prescription en France reste plus élevé que chez plusieurs voisins européens, et d’une certaine façon, on n’a pas encore touché à ce gisement-là.
Indépendamment des génériques, y a-t-il selon des vous des classes thérapeutiques sur lesquelles des économies peuvent être faites ?
Sur les antibiotiques, un effort colossal a déjà été fait. Sur l’hypertension artérielle, les médecins sont déjà incités à prescrire des IEC plutôt que des sartans en première intention. Il reste la classe des hypnotiques, psychotropes et tranquillisants dont nous sommes encore de gros consommateurs. Mais c’est une classe difficile à attaquer parce que c’est culturel chez nous, et cela suppose un travail de refondation de ce type de prescription par les médecins généralistes. Cela ne va donc pas venir tout de suite. Quant aux antidouleurs, c’est une classe thérapeutique très prescrite mais assez peu onéreuse. Il n’y a donc pas de classe thérapeutique susceptible à elle seule de faire faire d’importantes économies. À l’inverse, en 2012 va arriver une nouvelle classe d’anticoagulants, qui va remplacer les antivitamines K, et qui engendrera des coûts de traitements journaliers largement supérieurs à ces dernières. Il faut donc absolument se donner des marges de manœuvre financières en prévision de ce phénomène.
Vous restez malgré tout confiant sur la possibilité de réaliser ces économies annoncées ?
Oui, ce n’est pas totalement irréaliste. Il faut savoir qu’au cours des bonnes années de développement des génériques, on est parvenu à économiser entre 800 millions et un milliard d’euros par an. En activant tous les leviers du générique, y compris le CAPI, et en tablant sur l’accroissement global du répertoire, c’est possible, sans trop toucher à la qualité des soins, ni aux pratiques de prescription.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique