C’est un mandat de deux ans que le Pr Nicolas Roche vient d’entamer à la présidence de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). « Une de mes priorités d’action sera de mieux faire connaître, auprès de tous les pneumologues, l’action de notre société savante, qui est principalement centrée sur trois grands axes : l’organisation de la formation continue, la production d’information scientifique et le développement de la recherche, indique-t-il. Aujourd’hui, beaucoup de pneumologues connaissent la SPLF mais assez peu savent tout ce dont ils peuvent bénéficier de la part de la Société, en termes de formation notamment. Nous avons un éventail assez large de programmes : des formations présentielles, des ateliers pratiques, des formations ou des conférences en ligne. Une fois par mois, il y a par exemple les jeudis de la SPLF. C’est une conférence en ligne qui porte sur des sujets parfois pointus sur un plan pneumologique, comme les pneumopathies interstitielles. Mais parfois, on propose aussi des thèmes qui ne sont pas réservés aux pneumologues, comme l’utilisation des dispositifs d’inhalation. Cela peut intéresser tous les médecins qui suivent des patients asthmatiques ou BPCO, il nous faut donc communiquer sur ces formations au-delà de la pneumologie ».
La SPLF a aussi vocation à produire non seulement des recommandations scientifiques mais aussi de l’information pouvant être utiles aux pneumologues. « Il y a un an et demi, par exemple, nous avons fait un support d’information sur la pollution atmosphérique. C’est un sujet d’actualité qui concerne les pneumologues et nous avons émis ce document pour qu’ils puissent s’appuyer sur une information validée pour répondre aux questions de leurs patients ou de toute autre personne les interrogeant », indique le Pr Roche.
En lien avec la Fédération Française de pneumologie, la SPLF souhaite aussi s’intéresser aux nouveaux modes d’organisation des soins. « On voit beaucoup d’initiatives émerger dans ce domaine. Et notre rôle est de pouvoir proposer faire une évaluation scientifique de ces modes d’organisation, en lien avec la FFP qui a une action davantage centrée sur les pratiques professionnelles », indique le Pr Roche.
Spirométrie : une équation à plusieurs inconnues
La SPLF souhaite aussi inciter les généralistes à s’impliquer davantage dans le repérage des patients atteints de BPCO mais en lien avec les pneumologues. Une fois que le repérage des patients à risque et symptomatiques a été fait, qui doit faire la spirométrie ? Cet examen doit-il être réservé aux seuls pneumologues ou les médecins généralistes peuvent-ils s’y engager ? « Aujourd’hui, on estime que plus des trois quarts des patients BPCO ne sont pas diagnostiqués. S’ils devaient tous arriver demain chez les pneumologues pour faire une spirométrie, il est certain que nous risquerions d’être débordés. Mais si cela se fait de manière progressive, c’est faisable. Pour le reste, les généralistes peuvent très bien s’équiper d’un spiromètre dont le coût est relativement modique. Mais ensuite, il faut être capable de faire un examen de qualité. Une spirométrie, ce n’est pas aussi simple qu’une mesure de la pression artérielle. Il faut être capable de bien maîtriser la manœuvre que doit faire le patient pour que la mesure soit bien faite. C’est un examen qui demande à être bien formé et une pratique régulière pour ne pas perdre la main », indique le Pr Roche.
Selon le président de la SPLF, la pratique d’une spirométrie est peut-être plus facile dans des maisons ou des pôles de santé plutôt que dans un cabinet avec un seul généraliste. « Il faut aussi voir ce que vont donner les expérimentations actuellement menées sous l’égide de l’Assurance-maladie, des instances pneumologiques dont la SPLF et du Collège de médecine générale. Dans le cadre de ces expérimentations, des spirométries sont faites par des généralistes avec un contrôle qualité à distance assuré par des pneumologues », indique le Pr Roche.
« Au-delà des réflexions et des expérimentations sur les stratégies de diagnostic et de prise en charge, les pneumologues et les médecins généralistes doivent également collaborer de plus en plus étroitement dans les domaines de la recherche, l’enseignement, la formation continue, ajoute le Pr Roche. Nous avons aussi des efforts à faire pour mieux communiquer sur nos actions, en particulier dans les régions ».
Entretien avec le Pr Nicolas Roche, président de la SPLF et pneumologue à l’hôpital Cochin à Paris.
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