Chaque semaine, les confrères du Nord perdent en moyenne deux heures de consultation à cause de rendez-vous non honorés. Toutes spécialités confondues, 7,5 % de leurs consultations se seraient transformées en « lapins », selon un sondage réalisé par le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Nord.
En novembre dernier, le CDOM a envoyé un questionnaire papier anonyme à 200 médecins nordistes tirés au sort. Au total, 150 praticiens ont été inclus dans l’étude, dont 30 % de généralistes. 57 % des répondants exerçaient en libéral, 42 % étaient salariés d’un établissement.
Plus de lapins en établissement
Les confrères de ce département ont rapporté en moyenne 5,33 lapins par semaine. Avec 70 consultations hebdomadaires par répondant, ces consultations « fantômes » représenteraient 95 heures de perdues par an et par praticien.
Si le CDOM du Nord ne relève aucune différence dans les déserts médicaux, les généralistes semblent cependant un peu moins touchés par ce fléau. Ainsi, les médecins de famille subissent 5 % de consultations annulées, contre près de 12 % pour les autres spécialités. Plus généralement, la ville paraît davantage épargnée, selon cette étude. L'Ordre recense ainsi 5,4 % de rendez-vous non honorés en cabinet libéral – toutes spécialités confondues – contre 14 % en établissements.
Les créneaux redistribués dans 15 % des cas
Autre fait préoccupant, les médecins affirment redistribuer ces créneaux à leur patientèle dans seulement 15 % des cas, pour des urgences par exemple. Ainsi, « 85 % du temps n’est donc pas remplacé par de nouveaux rendez-vous », constate le CDOM.
Pour autant, dans 70 % des cas, les médecins nordistes profitent de ce temps supplémentaire pour réaliser des tâches d’administratives, rattraper leur retard de la journée ou effectuer des consultations plus longues, indique le sondage.
Facturer un « acte lapin » ?
Interrogés sur leur vision du « patient type » poseur de lapins, 70 % des médecins sont d’accord avec le fait qu’il s’agit plutôt de patients ayant des problèmes sociaux, psychologiques ou organisationnels ; plus de 60 % déclarent qu’il s’agit de patients jeunes et la même proportion estiment qu'ils ont pris leurs rendez-vous en ligne.
Pour limiter les consultations non-honorées, 85 % des confrères du Nord plébiscitent plutôt la communication et la sensibilisation du patient. Deuxième solution, évoquée par plus de 70 % des répondants : « ne plus accueillir certains récidivistes, en dehors des urgences ». Enfin, plus de 60 % des médecins soutiennent la proposition la plus radicale, « une retenue sur remboursement ultérieure » ou le versement d’une « caution non remboursable ». Une pénalité financière qui n'est pas autorisée à ce jour. Le CDOM s’interroge tout de même sur cette « dissuasion financière » qui pourrait passer par la facturation à la Cnam « d’un acte lapin par le médecin ».
Pour l’Ordre départemental, supprimer ce fléau France entière (et donc les centaines de milliers d'heures perdues) aurait autant d'impact que travailler 16 jours de plus par an ou partir en retraite deux ans et demi plus tard pour les médecins.
Cet été déjà, une enquête de l’URPS ML Île-de-France – réalisée sur 1 950 libéraux cette fois – avait montré que les praticiens franciliens subissaient en moyenne deux rendez-vous non honorés par jour avec « des pics pouvant aller jusqu'à cinq ».
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique
« Cela correspond totalement à mes valeurs », témoigne la Dr Boizard, volontaire de Médecins solidaires
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne