Après la présentation du grand plan d'investissement du Premier ministre, Édouard Philippe, et de l'économiste, Jean Pisani-Ferry, les syndicats des médecins libéraux n'ont pas caché leur déception et leur colère.
Si l'investissement de 4,9 milliards d'euros en santé pendant le prochain quinquennat est salué par les praticiens libéraux, les priorités affichées par le gouvernement sont très éloignées de leurs attentes.
Ainsi, le syndicat des médecins libéraux (SML) s'interroge sur la répartition des fonds envisagée entre la médecine de ville et les hôpitaux publics, ces derniers devant bénéficier dans les cinq prochaines années des quatre cinquièmes des investissements en santé. « Le gouvernement semble emboîter les pas de ses prédécesseurs en appliquant les vieilles recettes consistant à déverser toujours plus de moyens aux hôpitaux », commente-il, amer.
Non aux modèles uniques
La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) pointe également du doigt une répartition « inégale » des moyens, les praticiens libéraux disposant de « miettes ». « L'orientation politique de ce plan est centrée sur l'hôpital et des modèles uniques (maisons de santé et centres de santé) », précise le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la centrale syndicale.
Partisan d'un déploiement de toutes les formes d’organisation territoriale de médecins : regroupés, généralistes et spécialistes, le Dr Ortiz estime que les moyens auraient dû être mis sur l'innovation organisationnelle. « 10 % des médecins travaillent dans les maisons de santé pluriprofessionnelles. Le modèle des centres de santé n'est pas le plus efficient. Finalement, le plan délaisse la médecine libérale et les spécialistes », détaille-t-il.
Des « miettes » pour la télémédecine
À cela s'ajoutent les moyens alloués à la télémédecine (50 millions d'euros), jugés à l'unanimité « très insuffisants » pour favoriser la transition numérique et développer l’innovation en santé.
Même son de cloche à l'Union française pour une médecine libre (UFML), qui ne mâche pas ses mots. « Les centres de santé tombent les uns après les autres sous l'impossibilité d'équilibrer leurs comptes du fait de la faiblesse des tarifs des actes médicaux, explique-t-il. Les exemples de maisons médicales vides ne cessent de se multiplier du fait de l'inattractivité des professions médicales (hausse des charges, déconnexion des tarifs, lourdeur administrative…). » Le syndicat ne s'arrête pas là puisqu'il fustige l'ensemble du plan, lui attribuant une note globale de 6 sur 20 anticipant d'avance « une perte financière ».
Contacté par la rédaction, le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), s'est dit « furieux » de cette annonce à quelques jours de la présentation du prochain budget de la Sécu. « C'est de la provocation, s'insurge-t-il. Si l'axe du gouvernement est 100 % hôpital sans penser au système de santé, on va droit dans le mur. »
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