GIEN(45)
DrThierry Hano
Je suis surpris de l’étonnement de Mme Hubert concernant la désertification en praticiens des villes situés à 70 kilomètres d’une grande agglomération . Mon parcours ( 14 ans d’exercice dans la capitale et 14 ans dans une ville située à 70 km d’Orléans ) m’autorise à connaître les avantages et inconvénients de la pratique médicale rencontrée par les médecins des villes ou les médecins des champs.
• Vous exercez à Paris
- vos revenus sont souvent moindre à moins de trouver la bonne niche en mode d’exercice particulier
- votre loyer est souvent plus cher
- vous perdez du temps dans les embouteillages ( agaçant et coûteux)
- votre famille dispose de toutes les infra-structures d’une grande ville et en particulier les transports en commun , l’école , la faculté , les loisirs culturels à profusion , la possibilité au conjoint de trouver un travail ( ce qui améliorera les revenus du couple )
• Vous exercez à 70 km de la préfecture de votre département
- vous faites 70 heures de consultation et visites par semaine ( vous n’avez pas perdu de temps à chercher à stationner )
- vos patients vous témoignent leur reconnaissance car vous vous décarcasser pour leur donner une qualité de soins la plus proche possible de celle dont ils bénéficieraient dans la grande ville
- les revenus supplémentaires obtenus en commençant tôt le matin , en mangeant sur le pouce et en finissant tard le soir sont rendus à l’Etat . Si la marge bénéficiaire du coiffeur est de 40 % , la marge
nette pour un médecin au delà d’une certaine amplitude horaire est de 25% ( la valeur nette du C est de 5,50 euros , si si, je ne me trompe pas , mon comptable non plus )
- Les pénalités financières ne s’arrêtent pas là : Il nous faut aligner le coût bien plus élevé des études de nos enfants que nous ne voyons plus , même pas le soir s’ils sont pensionnaires . Considérons également le coût des kilométres parcourus pour les véhiculer ( pas anodin du tout )
-Votre impôt sur le revenu est plus élevé ....mais ou va donc ce prélèvement libératoire , certainement pas pour la valorisation de notre territoire rural !....peut être pour celui de la grande ville
située 70 km plus loin ?
- Si vous êtes un homme et que votre femme n’exerce pas la médecine, qu’elle ne compte surtout pas trouver un travail pouvant l’émanciper .
Que Mme Hubert viennent interroger nos épouses .....elle pourra étayer son rapport (...)
Un de nos confrères et amis est décédé pendant sa consultation .....Nous avons arrêté depuis longtemps
de lui chercher un successeur .
Que nous exercions à Paris où dans une autre région , n’oublions pas que le médecin français est l’un des plus mal rémunérés de L’OCDE alors que ses charges fixes additionnées aux charges salariales de son
éventuel personnel sont parmi les plus hautes d’Europe .
Aucun rapport ne mesure la gravité de la situation et l’interview que vous avez réalisée laisse penser que, celui de Mme Hubert ne fera pas exception .
Enfin , moi l’ancien parisien , je vous livre un secret : il ne s’agit pas d’un problème de démographie médicale mais d’un problème d’aménagement du territoire et corollairement de démographie ....tout
court .
PARIS
Dr Didier Champagne
Sauver la pédiatrie
Depuis vingt ans flotte sur la pédiatrie de ville un sombre nuage propulsé par tel professeur de faculté, tel expert en santé publique : le pédiatre peut être remplacé avantageusement par un médecin généraliste et un système de centres hyper socialisés en pédiatrie (pneumologie, cardio, chirurgie, ophtalmologie, dermato pédiatrique) privés composés d’anciens chefs de clinique.
Le résultat de cette politique a été la formation, pendant dix ans, de moitié moins de pédiatres qu’auparavant. D’où un manque de 1 500 pédiatres alors que l’on vit un baby boom constant depuis 2000 (150 000 enfants de plus chaque année). De pus, les pédiatres, au-delà de 50 ans, sont confrontés à des journées de 12 heures.
Si l’on suit la politique des « experts », il n’y aura plus de pédiatres à la fois en ville et en néonatalogie dans les petites maternités. Pourtant, la file d’attente aux urgences des hôpitaux s’allonge (jusqu’à 8 heures d’attente à Robert Debré à Paris).
Le service d’urgence devient un cabinet médical d’accès direct complètement hors du champ des cas graves concernant l’hôpital.
On sait que notre travail est essentiellement préventif, d’information, de conseil, de vaccination, de détection de cas graves ou de maladies rares. Ce travail soulage l’hôpital de toutes sortes de cas d’importance moyenne.
Reste que le cabinet du XXIème siècle existe déjà, associant pédiatrie courante, néonatologie, développement de la santé publique locale ou nationale, échographie, garde de week-end, coopération avec les sociétés de pédiatrie, enseignement aux généralistes. C’est ce type de pédiatre plus complet, plus « chevelu » qu’il faut promouvoir.
Elever le niveau plutôt que niveler évitera les problèmes sus-cités.
On peut enfin souhaiter le maintien du système d’attaché à l’hôpital qui permet de ne pas perdre contact avec la science et de maintenir le lien public privé étroit et harmonieux.
Est-il illégitime d’avoir une opinion sur la profession que l’on exerce ? Sur le passé, le présent et le futur de cette profession ?
PRADES (66)
Dr. DOMINIQUE BELLECOUR
Une déontologie dévoyée
Si le Conseil National de l’Ordre, par la voix de son Président, considère que le contrat de « CAPI » proposé par l’Assurance maladie est, je le cite, « anti-déontologique » et « crée une discrimination entre médecins », alors pourquoi ne sanctionne t-il pas les fautifs qui l’ont signé ? Premier paradoxe (pour ne pas dire mépris de l’équité).
Dans le même temps, certains présidents départementaux ne se gênent pas pour mener une véritable «cabale» contre des généralistes réalisant des actes de médecine esthétique, en l’occurrence contre ceux pratiquant la toxine botulique, accusant ceux-ci, je les cite, de « pratiques interdites » et de « manquement à la probité »
Mais au nom de quelle déontologie peut-on interdire à un médecin de pratiquer un acte bénéfique et non-malfaisant (donc conforme à l’éthique médicale), fût-il même « hors AMM » (cela est prévu par le Code de déontologie), à partir du moment où le médecin s’est formé et s’estime compétent pour le faire ? Second paradoxe (pour ne pas dire honteuse injustice).
En omettant d’auditionner les « Capistes », alors que, a contrario, il procède à des auditions (pour ne pas dire à des inquisitions) de confrères généralistes pratiquant des actes d’esthétique (pour la plupart avec compétence et probité), l’Ordre ne s’attaque-t-il pas outrageusement à notre ultime liberté, à savoir, la liberté de prescription, pourtant inscrite dans le Code de Déontologie ? Troisième paradoxe (pour ne pas dire intolérable outrage à notre liberté professionnelle). De toute évidence, le Conseil de l’Ordre ne défend pas le libéralisme médical, dont les valeurs cardinales devraient être la liberté et l’autonomie (au sens kantien) (...)
Au nom de la "Raison", il est scandaleux de laisser dire l’absurdité suivante, à savoir, qu’une seringue de Botox tenue dans les mains d’un généraliste c’est « dangereux », alors qu’entre les mains d’un chirurgien çà ne l’est pas. C’est très vexant, mais c’est surtout très bête. Qu’on nous démontre alors en quoi des injections de Botox seraient plus « dangereuses » que des injections d’AINS (car il s’agit bien dans les deux cas d’un acte de même nature, à savoir, ni plus ni moins que des IM) ? Certes, nous savons que les modes d’action des deux produits sont différents, mais les effets collatéraux des AINS sont bien plus nombreux, bien plus graves et surtout plus fréquents que ceux de la toxine botulique. Pour preuve, la toxine n’a pas d’effet systémique contrairement aux AINS, et le rapport bénéfice/risque penche sans conteste en faveur du Botox (même si la finalité n’est pas du même ordre). Par exemple, que vaut un syndrome de Lyell (heureusement très rare) induit par un AINS face à un simple ptôsis de la paupière supérieure réversible en 4 à 6 semaines, induit par le Botox (complication la plus fréquente et qui survient seulement dans 1% des cas) ? Ce genre de jugement à l’emporte-pièce relève davantage de l’anathème moral (dont les théologiens sont spécialistes) que de l’éthique médicale qui procède, quant à elle, d’une démarche compréhensive. Donc, au lieu de colporter des inepties et de scander des anathèmes dithyrambiques, certains conseillers ordinaux en charge de l’interprétation du Code de déontologie feraient mieux de prendre des leçons d’herméneutique !
En légitimant l’expression médecine « morphologique », au lieu de médecine « esthétique », le Conseil de l’Ordre énonce une tautologie. En effet, comme répétition et redoublement, la tautologie est une figure bien connue de la rhétorique et qui, dans le langage ordinaire, est peu conseillée : dire deux fois la même chose confine au pléonasme. Ce faisant, la médecine rompt avec toute représentation d’une extériorité quelconque. Elle s’affiche opaque, auto référentielle, autrement dit, elle est ce qu’elle dit qu’elle est. Son autonomie est ainsi bouclée sur elle-même de manière prétéritive. Bref, dans l’expression « médecine esthétique », ce n’est pas le terme « esthétique » qui pose problème, mais bien celui de « médecine ». L’expression « anthropotechnie esthétique » semblerait plus juste, ou à la rigueur, celle de « médecine améliorative ». A l’aune du « paradigme anthropotechnique », force est de constater que le Conseil de l’Ordre ne semble pas, a priori, l’institution la plus compétente pour juger de telles pratiques qui ne relèvent pas, de toute évidence, du seul tropisme médical.
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