EN MARS DERNIER, à l’occasion de rencontres départementales en présence de 180 professionnels de santé dont 110 médecins libéraux et hospitaliers, le Dr Muriel Benichou, chef du service d’endocrinologie du centre hospitalier de Perpignan, développe son idée : pour améliorer la prise en charge des 30 000 patients diabétiques du département des Pyrénées-Orientales, son service va se tourner vers la médecine de ville, ouvrir une consultation d’urgence le mercredi matin et se rendre plus visible auprès des patients.
« Les libéraux nous reprochent de vivre en autarcie, explique-t-elle au « Quotidien ». Ils se heurtent à la bureaucratie et ont beaucoup de mal à joindre un confrère à l’hôpital pour parler d’un patient diabétique. J’ai voulu répondre à ces problèmes ». Depuis mi mars, le Dr Benichou a toujours à portée de main un téléphone GSM particulier. « Tous les libéraux du département connaissent ce numéro, précise-t-elle. Je reçois quotidiennement une dizaine d’appels de médecins traitants qui, en face d’un diabète complexe, bloquent dans leur diagnostic ou, devant un nodule thyroïdien, s’affolent (...).Or,une fois sur deux, quelques minutes de conversation suffisent à bien diagnostiquer le patient et évitent une hospitalisation superflue ». En cas d’urgence, l’hôpital s’engage à accueillir le patient à la nouvelle consultation du mercredi matin « sous une semaine, contre trois à six mois en temps normal », précise le Dr Benichou. Le service d’endocrinologie s’apprête à ouvrir un site Internet où patients et libéraux trouveront informations et outils d’éducation thérapeutique.
Le Dr Jean-François Loève, généraliste et président de l’ordre départemental a pris le train en marche. Il est l’un des trois médecins libéraux à faire partie du comité de pilotage. À ses côtés, trois hospitaliers (dont le Dr Benichou), un médecin inspecteur de l’Agence régionale de santé (ARS), un médecin-conseil de l’assurance-maladie, des paramédicaux et des représentants de patients.
À l’hôpital, le projet du Dr Benichou est bien accueilli. « On prévoit un déploiement à tous les services », s’enthousiasme Fabienne Guichard, directrice des affaires médicales. « Ca marche, car notre idée colle aux orientations stratégiques de l’ARS, argumente le Dr Benichou : coopération avec les professionnels de proximité, développement des consultations avancées et de la télémédecine, éducation thérapeutique du patient ». Du côté de l’assurance-maladie, on tempère. « Ce projet est louable mais flou », juge le Dr Philippe Reynes, médecin-conseil de l’assurance-maladie et membre du futur comité de pilotage. « La direction de la CPAM n’est même pas au courant », précise-t-il. Seule certitude : le déploiement prévu en novembre de Sophia, programme pilote de l’assurance-maladie sur la prise en charge des patients diabétiques. Télescopage à craindre ou complémentarité à souhaiter ?
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