Bientôt un livre blanc

Les quatre défis de la SFD

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Publié le 14/06/2018
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La Société française de dermatologie (SFD) poursuit le projet « Objectifs peau » (lire page 15). Initialement dédié à l’épidémiologie des principales dermatoses en France, il s’est élargi à l'évaluation du handicap qu’elles causent, puis s’est enrichi d’un volet dédié aux cancers cutanés. « L’ensemble de l’étude a abouti à la rédaction d’un Livre blanc, qui devrait être finalisée dans les prochains mois », indique le Pr Pascal Joly, président de la société savante. Celui-ci est articulé autour de quatre défis.

Le premier est de faire changer le regard porté par les patients et les soignants sur les maladies de peau, qui sont souvent considérées comme banales et sans recours thérapeutique. « Cest tout le contraire, puisque ces maladies entraînent souvent une altération considérable de la qualité de vie et qu’elles bénéficient depuis quelques années d’une véritable révolution thérapeutique, qu’il s’agisse des biothérapies pour les dermatoses inflammatoires ou de l’immunothérapie et autres nouveaux traitements dans les cancers cutanés », souligne le Pr Joly.

Deuxième défi : l’amélioration de l’accès aux soins. La diminution du nombre de spécialistes, évolution démographique oblige, se traduit par un allongement des délais d’attente pour les consultations, pouvant atteindre plusieurs mois dans certaines régions, en particulier rurales. Cela conduit à une inégalité, mais aussi à un retard dans l’accès aux soins, avec des conséquences graves pour les cancers et certaines dermatoses.

Encore plus de moyens pour la recherche

Autre axe important, faciliter la recherche et l’accès à l’innovation : « Grâce aux subventions de la SFD, la recherche en dermatologie est très active, mais l’accès à l’innovation constitue un réel problème, pas seulement pour notre spécialité », déplore le Pr Joly. Le prix des nouveaux médicaments est très élevé, ce qui réduit les marges de manœuvre pour les services. Et lorsqu’une molécule a une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) dans une indication, il est impossible de la prescrire dans d’autres où elle est également efficace, ce qui retarde l’accès aux médicaments innovants. Tout un champ de travail s’ouvre aussi pour les médicaments sortis de la liste en sus (n’étant donc plus remboursés aux hôpitaux par l’Assurance-maladie) et ayant une ASMR à 4 ou 5, afin qu’ils puissent être remboursés chez les patients répondeurs, qui doivent être mieux identifiés.

La SFD s’efforce aussi de mobiliser encore plus de moyens pour la recherche. Le fonds de dotation, sur son nouveau site Web, fait partager l’ensemble des actions développées (lire page 21). « Nous œuvrons avec nos partenaires industriels et le fonds pour augmenter, au-delà d'un million d'euros, le montant des subventions à la recherche, et attribuer six bourses supplémentaires », indique le Pr Joly.

Dernier axe de travail, la SFD veut continuer à œuvrer pour améliorer la formation initiale et continue des généralistes, dans un contexte de démographie déclinante des spécialistes. Ainsi, les Journées dermatologiques de Paris, dont le succès ne se dément pas, avec quelque 4 000 participants, vont continuer d’évoluer. Des sessions de formation ont pour la première fois été organisées en 2017 à destination des médecins généralistes et des pharmaciens. L’édition 2018 proposera avec une session « Best of des 4 saisons », et deux sessions « Comment je prends en charge ? » très pratiques, proposant des communications brèves dédiées aux pathologies des muqueuses et des phanères.

Ces derniers mois, plusieurs recommandations ont été dirigées par le Centre de preuves en dermatologie (1), sur la prise en charge du mélanome, publiées en 2017, sur le traitement systémique du psoriasis, qui le seront prochainement, sur l’urticaire ou sur la maladie de Verneuil. Sans oublier les protocoles nationaux de diagnostic et de soins (PNDS) issus des centres de référence des maladies rares. « Nous allons essayer de réactiver, avec les autres instances de la spécialité, le Conseil national professionnel afin d’unifier la dermatologie », indique enfin le Pr Joly.

Entretien avec le Pr Pascal Joly, président de la Société française de dermatologie

(1) Créé en avril 2015 par le Collège des enseignants en dermatologie de France (Cedef), la Fédération française de formation continue et d’évaluation en dermatologie-vénéréologie (FFFCEDV), la SFD et la Haute Autorité de santé

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Bilan Spécialiste