Plus besoin d'aller chez l'ophtalmo pour renouveler ses lunettes ! C'est ce que prévoit, en substance, l'avenant 12 à la convention nationale entre les orthoptistes et l'assurance-maladie, publié le 23 juin dernier au « Journal officiel ». Selon le texte, dans le cadre d'une expérimentation en maison de santé, les médecins généralistes pourraient orienter le patient vers l'orthoptiste, avec élaboration d'une prescription, en vue d'un renouvellement de lunettes.
Une mesure que déplore amèrement le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), « n'ayant pas été consulté avant la signature de cette convention ». « L’équilibre de la filière visuelle, trouvée patiemment ces dernières années, serait impacté si ce changement majeur de direction dans le parcours de soins des patients se confirmait », regrette le Dr Thierry Bour, président du SNOF.
L'avenant prévoit qu'une organisation spécifique au sein de la maison de santé soit mise en place pour la transmission au patient de la prescription de lunettes établie par le médecin généraliste mentionnant la nouvelle mesure de la correction à partir des examens réalisés par l'orthoptiste.
Danger de santé publique ?
Mais le syndicat d'ophtalmologistes, « qui ne remet pas en question la capacité de l'orthoptiste à réaliser des examens de réfraction pour lequel il est formé », alerte sur les dangers que cela peut impliquer en termes de santé publique. « La consultation tous les cinq ans avant 42 ans et trois ans après est la clé du dépistage : 36 % des personnes consultant un ophtalmologiste pour une prescription oculaire ou le renouvellement d’une ordonnance se voient diagnostiquer un autre problème médical (DMLA, tumeur cérébrale, glaucome) », souligne-t-il.
De plus, la signature d’une ordonnance de renouvellement par un médecin généraliste peut être problématique car il compromet le bon suivi du patient en prolongeant le délai initialement prévu, sans effectuer les dépistages nécessaires. Le généraliste prend donc l’entière responsabilité de l’examen et devra assumer alors les retards de diagnostic éventuels.
Cette « collaboration » entre généralistes et orthoptistes doit entrer en application le 1er janvier 2018. D'ici là, le SNOF demande à être entendu par l'assurance-maladie, pour que cette expérimentation soit annulée ou aménagée.
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