Habituellement méfiants à l'égard de ce qui peut mettre en péril le colloque singulier, les médecins de ville ont manifesté une franche curiosité en découvrant les robots et outils numériques présentés samedi dernier lors des 4e ateliers-débat de l'association Femme médecin libéral*.
« L'explosion numérique nous pousse à revoir notre exercice, a expliqué en préambule le Dr Christine Bertin-Belot, présidente de l'association, généraliste et homéopathe à Besançon (Doubs). Dès lors, comment faire en sorte que la médecine ne se développe pas sans les médecins ? »
Cette mise en garde n'a pas empêché les 80 professionnels présents de se presser autour de Paro et Pepper, deux robots dont l'intérêt thérapeutique émerge en France. Le premier est un robot-phoque interactif de 2,5 kilos utilisé en atelier d’animation et en thérapie relationnelle pour les patients atteints de la maladie d’Alzheimer et troubles apparentés. Créé en 1993 au Japon, Paro bouge la tête et les nageoires, cligne des yeux, émet des vibrations et bêle quand on le caresse. Surtout, il est doté d'une mémoire de reconnaissance visuelle. L'intérêt pour les patients ? « C'est un vecteur de communication qui n'existe plus dans la démence, explique le Dr Laurence Kouyoumdjian, médecin coordonnateur dans un EHPAD du Calvados. Paro est immédiatement reconnu par les résidents car il fait appel à la mémoire émotionnelle, préservé jusqu'au bout. C'est un formidable outil thérapeutique. » Son coût : 6 800 euros. Le robot-phoque est présent dans 60 structures de santé en France. Le service gériatrie de l'hôpital du Mans l'utilise depuis 2016 et constate que la présence de Paro impacte de façon positive la prise en charge des patients et résidents.
Secrétaires médicales
Lui vous regarde droit dans les yeux, répond même à vos questions, vous informe, et se déplace de manière autonome. Le robot humanoïde Pepper a suscité lui aussi l'engouement des médecins, cette fois-ci pour l'accueil des patients. Doté de 21 bâtiments, le CHU d'Angers a décidé d'embaucher le robot secrétaire pour améliorer l'information et l'orientation. Personnalisable, Pepper est capable de photographier la carte Vitale du patient et de l'enregistrer dans son dossier médical. Il le reconnaît si ce dernier n'en est pas à sa première visite. Les médecins libéraux sont conquis, à l'image du Dr Sophie Bauer, chirurgien à Melun (Seine-et-Marne) et vice-présidente de l'association : « C'est un outil extrêmement intéressant pour l'avenir, détaille-t-elle. Beaucoup de médecins n'ont qu'un secrétariat téléphonique et dans ma clinique, les écrans d'ordinateur pour informer les patients sont légion. Les robots sont bien plus interactifs. » Et ne prennent pas de congé maladie.
* Cercle de réflexion créé par des femmes issues du Syndicat des médecins libéraux (SML) qui se revendique indépendant.
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