L’ACCÈS AUX SOINS (géographique et financier) est une des très rares thématiques de santé à avoir percé dans cette campagne présidentielle. Les candidats reconnaissent à l’unisson que les patients rencontrent des difficultés croissantes pour trouver des médecins libéraux dans certains territoires ruraux ou urbains. Et dans nombre de secteurs, c’est l’accès à des spécialistes aux tarifs opposables qui est désormais impossible.
Certains proposent comme François Hollande d’encadrer les dépassements d’honoraires, de contingenter les nouvelles installations en secteur II dans certaines disciplines et régions. D’autres comme Nicolas Sarkozy veulent renforcer les mesures incitatives à l’installation dans les zones sous-dotées.
Tous défendent aujourd’hui le regroupement des professionnels, et plus particulièrement les maisons et pôles de santé, devenus incontournables dans les discours et les déplacements.
Mais les prétendants à l’Élysée évoquent plus rarement (et très succinctement) les centres de santé, pourtant au nombre de 1 500 (dont un tiers avec des médecins), très présents en Ile-de-France, dans le Nord-Pas-de-Calais, l’Est, Rhône-Alpes et la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur. « Les centres de santé sont souvent le dernier rempart à la désertification médicale dans les zones urbaines socialement en souffrance, rurales abandonnées par les médecins libéraux ou face à la marchandisation de la médecine en offrant les derniers lieux d’accès conventionnés sans dépassements d’honoraires », affirme le Dr Éric May, président de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS).
Organismes à but non lucratif, gérés par des associations, des mutuelles, des organismes d’assurance-maladie ou des communes, les centres de santé sont accessibles en tarifs opposables et pratiquent le plus souvent le tiers payant intégral. Quelque 14 000 professionnels de santé salariés y exercent dont 4 000 à temps plein.
Sans surprise, les centres de santé trouvent leurs plus fervents défenseurs à l’extrême-gauche. Le représentant du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, veut en assurer la « promotion » et que soit reconnue « leur vocation initiale d’accès aux soins pour tous ». Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), souhaite la création de centres de santé publics, « installés dans les villes, les quartiers ou les campagnes, facilement accessibles à l’ensemble de la population et ouverts 24H sur 24 ». Et Nathalie Arthaud, de Lutte Ouvrière, tient à mettre fin aux fermetures des centres de soins comme des services des petits hôpitaux.
Devant le faible d’intérêt dont ils sont l’objet, les centres de santé ripostent aujourd’hui. Dans une adresse aux candidats à l’élection présidentielle, le Regroupement national des organisations gestionnaires de centres de santé (RNOGCS) demande une plus grande reconnaissance des pouvoirs publics. « Les centres de santé doivent être soutenus dans leur développement pour permettre l’accès et la prise en charge des patients dans des services qui assurent des soins de premier recours dans le cadre d’un exercice regroupé et coordonné », indique ce regroupement. Le RNOGCS appelle à un accompagnement des centres de santé « à la mesure des missions d’intérêt général qu’ils assument ».
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