C'est la conviction du SML mais aussi sa feuille de route : « managers de la santé, les médecins doivent assumer de diriger des entreprises libérales », expose le Dr Philippe Vermesch, président de la centrale qui réunit ses troupes à Opio ce week-end.
Le message est direct. À l'heure où le gouvernement programme la fin de l'exercice isolé, les praticiens libéraux « entrepreneurs », au lieu de raisonner seulement en « patients ou soins », ne doivent plus s'interdire de parler de « chiffres d'affaires, bénéfices, crédits, emprunts, placements et pérennisation de leur cabinet ». « Or, beaucoup ne sont pas convaincus qu'ils gèrent une entreprise et ils se retrouvent à 67 ans sans avoir préparé leur retraite et sans successeur ».
Nouvelle gouvernance
Le temps presse : avec la transformation du système de santé menée « au pas de charge », le médecin manager sera aux manettes dans cette nouvelle gouvernance territoriale des soins ambulatoires, premier niveau de recours. « Le médecin devra coordonner une équipe et tout cela s'apprend ! Pendant les études de médecine, il n'y a aucun cours consacré au management d'équipe », déplore le patron du SML.
Si le syndicat affiche un soutien clair à l'exercice coordonné au sein des nouvelles communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), au cœur du plan Macron, le SML attend des signaux forts pour financer les équipes libérales à la faveur d'un accord conventionnel interprofessionnel (ACI), à négocier. « Si les lourdeurs administratives pour créer les CPTS ne sont pas supprimées, les médecins n'iront pas. Et si les porteurs de projets ne sont pas rémunérés, la dynamique s'étiolera », prévient le stomatologue de Saint-Raphaël.
Attention toutefois : la seule rémunération forfaitaire risque de créer des tensions entre les libéraux de santé. Le SML prône une rémunération mixte : des forfaits pour le fonctionnement de la structure conventionnée et des actes revalorisés pour les libéraux engagés dans la coordination.
Sous-tarification
Pas question pour le SML de perdre de vue les fondamentaux de l'exercice libéral. « Aujourd'hui, les forfaits représentent 17 % de la rémunération des praticiens libéraux. Ils ne doivent pas dépasser les 20 %, sinon on sera dans une médecine de plus en plus salariée, toujours plus coûteuse », met en garde Dr Vermesch, regrettant la faiblesse de l'acte. « La consultation de référence reste à 25 euros alors qu'elle devrait être à 40 euros. L'acte n'est pas du tout incitatif ! ».
Signataire tardif de la convention, le SML pourra adresser ses doléances à Nicolas Revel, directeur général de l'assurance maladie, attendu au congrès pour un temps fort politique. Deux dossiers sont jugés stratégiques : la généralisation du dossier médical personnel – attendue à partir de novembre – et celle de la télémédecine. « Le DMP doit être simple, ergonomique et facile à utiliser. Si c'est une succession de documents PDF, cela posera problème », prévient le chef de file du SML. Quant à la télémédecine, il faudra inciter davantage les médecins pour qu'ils rentrent vraiment dans le dispositif ».
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