Vaccination chez l’adolescent

Le rôle du médecin traitant est majeur

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Publié le 27/02/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Les dernières données épidémiologiques montrent que le taux d’incidence des infections invasives à méningocoques ne baisse pas chez les adolescents malgré l’introduction de la vaccination méningococcique C.

Par ailleurs, on note une légère augmentation des méningites W chez les 15-24 ans, comme en décembre dernier sur le campus de Dijon qui ont causé deux décès d’étudiants. « Plus de 5 400 personnes ont dû être vaccinées sur le campus. Le méningocoque de sérogroupe W a tendance à s’implanter en Europe », observe le Dr Hervé Haas (CHU Lenval, Nice). L’adolescence est aussi une période de sensibilité particulière aux papillomavirus qui peuvent avoir des conséquences sérieuses à l’âge adulte.

Une couverture vaccinale très insuffisante

Les objectifs de couverture vaccinale fixés chez l’adolescent dans le plan de santé publique : 95 % pour le DTPCa et le ROR, 75 % pour l’hépatite B (vaccination complète) et 60 % pour le HPV (vaccination complète) sont loin d’être atteints ! Selon le dernier baromètre Vaccinoscopie 2015, seulement 8 % des adolescents de 15 ans sont bien vaccinés : 12 % des garçons et seules 3 % des filles (si on prend en compte la vaccination HPV). Les effets de l’insuffisance de vaccination sont nombreux. La rougeole est encore responsable de pneumopathies graves, de complications neurologiques et de décès. Selon les données de l’InVS en 2015, le taux de couverture vaccinale pour deux doses de ROR à 15 ans était égal à 83,9 %. Il s’agit donc d’une population vulnérable : 7 % des 10-19 ans n’ont pas d’anticorps rougeole, 9 % n’ont pas d’Ac rubéole et 14 % n’ont pas d’Ac oreillons. Le taux de couverture vaccinale de l’hépatite B serait de 33 %. « Pour les 3 vaccins, hépatite B, méningocoque C et HPV, les résultats sont lamentables en France, a déclaré le Dr Joël Gaudelus (Hôpital Jean Verdier, Bondy). Le rôle du médecin traitant est majeur. Il faudrait lui faciliter la tâche et faire qu’il ait des vaccins à disposition dans le cabinet. La vaccination en milieu scolaire est également essentielle. »

Les adolescents répondent mieux qu’à n’importe quel âge

Par ailleurs, il y a tout intérêt à une vaccination à l’adolescence car l’immunogénicité est bien meilleure. Cela est valable pour le méningocoque : chez les 11-12 ans, le taux d’anticorps est efficace et durable. « De même pour l’HPV : la réponse en anticorps chez les filles de 10-14 ans est au moins deux fois plus élevée que celle des femmes de 15-25 ans, après 2 ans », a ajouté le Dr Robert Cohen (Saint Maur des Fossés). Pour favoriser l’adhésion à la vaccination HPV, elle doit être déconnectée de la sexualité et ne pas être présentée comme la vaccination contre le cancer du col mais contre des virus cancérigènes. » Parmi les propositions destinées à favoriser la vaccination des adolescents, le Dr Georges Picherot (CHU de Nantes) a appelé à la création d’un Rendez-Vous Médical Adolescent avec les buts de prévention et vaccination à l’âge de 11- 13 ans.

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Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9559