Alors que l'hôpital public affronte la cinquième vague épidémique, une déclaration de Frédéric Valletoux, sur France 2 samedi dernier, a soulevé un tollé du côté de la médecine de ville. Le patron de la Fédération hospitalière de France (FHF) a clairement appelé au report des congés de certains médecins libéraux pendant la période des fêtes pour ne pas surcharger l'hôpital dans cette période de tension.
« Je voulais évoquer (le fait) qu'en cette fin d'année on puisse avoir de la visibilité sur la permanence de soins, et que, territoire par territoire, le gouvernement demande aux agences régionales de santé (...) de veiller à ce que tous les cabinets libéraux ne ferment pas en même temps », a-t-il plaidé. « Ce n'est pas le cas dans les grandes villes, mais dans les villes moyennes, en fin d'année, on voit un afflux aux urgences car les Français ne trouvent plus de réponse dans la médecine de ville », a-t-il alerté. « Il faut peut-être qu'on reporte des congés aussi dans la médecine de ville pour faire face à ces derniers jours de l'année qui vont être compliqués », a-t-il recommandé.
« Pas les pions des fédérations hospitalières »
Dans un contexte de mobilisation générale où la cinquième vague ravive déjà ces derniers temps la querelle entre le public et le privé – chaque secteur rappelant ses contraintes – la sortie du patron de la FHF a fortement irrité les médecins libéraux.
Le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-Syndicat, affirme ce lundi « ne pas avoir de leçon à recevoir de la part du président de la FHF ». « Il met le feu aux poudres au moment où on a besoin de l'union entre les soignants, juge le généraliste de Fronton, contacté par « Le Quotidien ». Depuis le Covid, on a été toujours solidaire de nos confrères hospitaliers. Quand on a accueilli des patients sans masques et sans moyens de protection, où était Monsieur Valletoux ? Nous ne sommes pas des pions des fédérations pour remplir des cases vides du fait de leur mauvaise politique ».
Du côté des Généralistes-CSMF, la colère pointe également. « Depuis juillet, la médecine de ville s'est organisée dans le cadre de la permanence des soins pour prendre en charge les patients lorsque les services d'urgences sont fermés le soir, se défend le Dr Luc Duquesnel, président de la branche généraliste de la centrale polycatégorielle. Ce genre de déclaration est détestable et n'apporte rien pour traiter les problèmes d'accès aux soins. Frédéric Valletoux s'est félicité du Ségur de la santé, or je n'ai pas le sentiment que cela ait résolu les problèmes de l'hôpital. Il ferait mieux de s'occuper davantage des hôpitaux publics que de taper sur la médecine ambulatoire ».
« J'invite le président de la FHF à venir dans nos cabinets »
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) déplore cette nouvelle querelle entre les deux secteurs et accuse le maire de Fontainebleau de souffler sur les braises. « Il faut que Frédéric Valletoux arrête d'opposer les libéraux aux hospitaliers, avance le Dr Philippe Vermesch, président du syndicat. Le président de la FHF a une totale méconnaissance de la ville et je l'invite à venir dans nos cabinets ».
Du côté de MG France, on n'hésite pas non plus à recadrer la FHF.
@laFHF appelle au report congés de #médecins #libéraux
— MGFRANCE GRAND EST (@MGFGrandest) December 11, 2021
On a déjà largement fait notre part et cela sans #Ségur ni prime et puis on est #libéral, c’est pas si difficile à comprendre ! https://t.co/AAvTxCkSkU
Dans un entretien au « Figaro » daté du 9 décembre, Frédéric Valletoux explique à nouveau que « les hospitaliers sont épuisés et soumis à des tensions extrêmes sur les effectifs », et invite cliniques privées et médecins libéraux à se mobiliser davantage. « J’appelle à l’union sacrée, peut-on lire. Le privé doit prendre sa part aux côtés du public. »
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