LES AFFAIRES se compliquent pour le gouvernement sur le front médical. Après le coup de semonce de la grève du 11 mars, puis le nouveau tir de barrage des « généralistes en colère » (fermeture nationale des cabinets le 8 avril, grève de la télétransmission le 29 mars…) à l’initiative de MG-France, du SNJMG, d’Union Généraliste et d’Union Collégiale (« le Quotidien » du 22 mars), c’est cette fois la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français) qui, comme prévu, vient d’entrer dans la bataille tarifaire avec fracas, à l’issue de son assemblée générale.
Reconduit pour quatre ans à la tête de cette centrale polycatégorielle (seul candidat, il a obtenu 89 % des voix…), le Dr Michel Chassang a aussitôt confirmé le lancement d’un mouvement ample et radical sur les honoraires « à compter du 12 avril », au prétexte que « trop c’est trop ». Constatant que « plusieurs engagements de la convention de 2005 n’ont pas été tenus », la CSMF exige que le règlement arbitral (que Bertrand Fragonard doit élaborer d’ici à mi-avril) « solde » le passif en prévoyant l’application des mesures tarifaires déjà négociées. Faute de réponse, la CSMF lancera les hostilités. Elle engagera l’ensemble des généralistes à facturer la consultation à 23 euros et la visite à 33 euros à compter du 12 avril, mais aussi les spécialistes à appliquer le C2 consultant élargi et enfin « tous les médecins en cabinet et en établissement à exiger le paiement de leurs astreintes dès lors qu’ils sont inscrits sur le tableau des gardes ». Dans un autre registre, le mot d’ordre (partagé avec le SML – Syndicat des médecins libéraux) de grève de la télétransmission tous les mardis est maintenu.
Convergence.
Avec cette offensive confédérale, qui implique l’ensemble des praticiens libéraux, généralistes et spécialistes, tous les syndicats médicaux ont désormais, d’une façon ou d’une autre, appelé la profession à se mobiliser. Certes, les initiatives fleurissent pour l’instant en ordre dispersé. Cotation CS et MPC d’un côté, C à 23 euros et C2 élargi de l’autre, journées sans FSE le lundi ou le mardi, grève du zèle, de la maîtrise médicalisée… La perspective des élections professionnelles explique en partie la volonté des signataires et des non-signataires (de la convention de 2005) de se démarquer. Ainsi la grève du 11 mars a-t-elle été diversement analysée : la FMF (Fédération des médecins de France, qui appelait au mouvement) en dresse un bilan « très positif en terme de réponse du terrain » et souhaite l’implication des spécialistes. Le SML en revanche (resté à l’écart de cette journée) évoque l’ « échec partiel de la grève perlée » dans le cadre d’un mouvement « trop exclusivement tarifaire dans un contexte difficile ». Le syndicat plaide en faveur d’une action qui n’oublie personne : généralistes de premier recours, MEP, spécialistes cliniques…
Il n’empêche. Au-delà des nuances tactiques, c’est le sentiment d’une exaspération générale des médecins libéraux qui domine avec le même slogan : les médecins méritent le respect. Pour le gouvernement, le risque d’une convergence des mots d’ordre en faveur d’une rébellion tarifaire en médecine de ville est donc réel. Un sérieux motif d’inquiétude au lendemain d’une lourde défaite électorale.
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