LE 8 OCTOBRE dernier, le Dr Poupardin, généraliste à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, était convoqué par la CPAM (caisse primaire d’assurance-maladie) de son département. Motif de cette convocation, ce généraliste n’a prescrit que dans la partie haute de son ordonnancier bizone (celle relevant de l’affection longue durée, qui permet un remboursement à 100 %) pour une cinquantaine de ses patients (« Le Quotidien » du 8 octobre). Les représentants de la caisse l’ont informé à cette occasion qu’il serait fixé sur les éventuelles pénalités auxquelles il serait condamné au plus tard le 8 janvier. Le généraliste assure également que la majorité de ses patients dont les ordonnances bizones sont actuellement épluchées par la caisse primaire se retrouvent convoqués par le médecin-conseil. « Certains d’entre eux ont du mal à se déplacer, ajoute-t-il, et il leur a été suggéré de prendre un taxi, au risque de perdre leurs droits en cas d’absence à la convocation ».
Didier Poupardin, sûr de son fait, n’entend pas en rester là. C’est parce qu’il estime qu’il est impossible de découper un patient en « morceaux de corps n’ayant rien à voir les uns avec les autres » qu’il refuse de se plier à la discipline du bizone. Il assume donc sa démarche et tient à le faire savoir. Le généraliste a reçu le soutien de tout ce que son département compte de responsables politiques et syndicaux, et l’affaire a été bien relayée par la presse, tant médicale que grand public. Aidé en cela par le syndicat MG-France départemental, il a mis en ligne sur Internet une pétition de soutien (http://didierpoupardin.wordpress.com), tandis que les nombreux patients membres de son comité de soutien la font signer dans les rues du Val-de-Marne. Bilan, près de 2 000 signatures pour le moment, mais selon des membres de son comité de soutien, la médiatisation récente de l’affaire commence à faire décoller le nombre des signataires. « Beaucoup de médecins m’appellent au téléphone pour me dire qu’ils ne respectent pas non plus l’ordonnancier, indique Didier Poupardin. Certains m’appellent aussi pour me dire qu’ils ont connu le même parcours que moi. Ils ont été convoqués par leur CPAM, ils n’ont rien dit et ont été condamnés à des pénalités. »
Fort de ces soutiens, le Dr Poupardin est remonté à bloc. « Cette machinerie de contrôle mise en place par les caisses est un moyen pour semer la terreur chez les médecins, assure-t-il, afin qu’ils appliquent leur politique sans broncher ». Lui, n’a pas peur et attend sereinement le verdict des caisses. S’il est condamné, c’est décidé, il se mettra en grève administrative.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique