« CE QUI NOUS a plu dans cette thèse, c’est la pertinence de son sujet en médecine générale », explique le Dr Catherine Aubry, présidente de la section généraliste de l’URML Bourgogne. Récompensé par le prix de thèse 2008, le travail du Dr Anne Bry-Griviau avait pour objectif de « déterminer et comprendre les facteurs influençant le déshabillage, ses rôles, ses modalités et le ressenti des acteurs sur cette séquence de consultation de médecine générale ».
Le Dr Bry-Griviau a travaillé sur deux sources d’information : d’une part, les questionnaires de 188 patients (dont 122 femmes avec une moyenne d’âge de 50 ans) et d’autre part, une quinzaine d’entretiens semi-directifs avec des médecins généralistes de Côte-d’Or réalisés en 2007-2008. Elle a pu ainsi en tirer quelques statistiques : chez le médecin, 17,5 % des patients ne se déshabillent pas parce qu'ils sont mal à l'aise, 53,2 % parce qu'ils pensent que ce n'est pas nécessaire. Lorsque le médecin demande au patient de se déshabiller, 60 % se mettent en sous-vêtement de manière spontanée, 10 % n’enlèvent que le haut et 0,5 % se mettent tout nu.
Le Dr Bry-Griviau a constaté que le patient ignore souvent les enjeux du déshabillage : sait-il que le déshabillage permet une auscultation complète et plus rigoureuse ? Qu'il apprend parfois beaucoup aux médecins sur la mobilité du patient ? Connaît-il les limites du déshabillage ?
De nombreux facteurs.
L'aisance du patient face à cette pratique est très variable et dépend de nombreux facteurs : la différence d'âge entre médecin et patient ainsi que l'opposition de sexe, la fréquence des consultations, l'agencement d'un cabinet, le comportement du médecin pendant la phase de déshabillage, etc. Par exemple, si 93 % des patients se déshabillent sans problème devant leur médecin habituel, 45 % d’entre eux se disent mal à l’aise de le faire en présence d’un stagiaire. Le Dr Bry-Griviau a relevé que se déshabiller est moins difficile si le cabinet d’auscultation est installé dans une pièce indépendante ou s’il peut se pratiquer derrière un paravent. Autre enseignement : le déshabillage ne doit pas forcément être systématique et dépend de la hiérarchisation des symptômes effectuée par le médecin.
La thésarde explique avoir choisi ce thème « parce qu’il s’agit d’une routine pour la plupart des praticiens, une obligation tacite due à notre formation. Notre internat se passe en grande partie en milieu hospitalier, où le patient est déjà déshabillé. On nous apprend donc comment s’articule une consultation en partant de ce postulat, mais on ne nous dit pas comment aborder le moment où celui-ci va devoir retirer ses vêtements, comment le lui demander, comment se comporter ». Mais, ayant deux articles en cours de rédaction, elle préfère aujourd’hui réserver ses commentaires. « Nous avons besoin que des travaux soient publiés pour construire notre corpus professionnel », justifie le Dr Catherine Aubry.
urmlbourgogne.org
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