LE DÉBAT entre coercition et incitation à l’installation est nul et non avenu pour les remplaçants. « Nous acceptons de travailler à la campagne mais pas à n’importe quel prix, la coercition est une très mauvaise réponse, il faut penser des évolutions qualitatives pérennes », résume Alice Perrain, présidente de REAGJIR. Tout l’enjeu pour les jeunes généralistes est de trouver des modes d’exercices en phase avec la féminisation de la profession et les nouvelles aspirations : travailler en équipe, avec du matériel de qualité, concilier vie personnelle et professionnelle et se libérer des charges financières et administratives.
« Nous faisons le choix d’un environnement de travail plutôt que d’un lieu d’exercice », explique Alice Perrain.
Le salariat est une piste séduisante : 37 % des inscrits en 2010 à l’Ordre des médecins le préfèrent à l’installation en libéral (18 %). Les motifs sont évidents, pour Alice Perrain : « Il est mieux connu pendant la formation initiale, qui ignore le monde libéral. Les démarches administratives sont simples. En cas de maladie ou de grossesse des indemnités journalières sont versées par l’assurance-maladie, alors qu’il faut attendre 90 jours lorsqu’on est en libéral, et encore, à condition d’être thésé ! »
La maison pluridisciplinaire de santé (MSP) est également plébiscitée. « C’est le mode d’exercice rêvé », lance Lucie, remplaçante en périphérie de Rennes. L’exemple de la maison médicale de la Prairie, à Baume-les-Dames (Doubs), convainc l’auditoire de la pertinence de cette organisation. « Mon travail consiste à réduire à zéro les 12 % de temps que les médecins consacrent aux taches administratives », explique Alexandra Prushankin, coordinatrice et pilier de cette MSP où travaillent 22 professionnels. Payée grâce aux nouveaux modes de rémunération (NMR), elle s’occupe de la gestion du personnel, des embauches aux vacances en passant par les plannings, gère la comptabilité, assure les relations avec l’Ordre, le centre hospitalier ou entre les médecins. Au grand soulagement de Jean Wolfarth, trésorier de REAGJIR et généraliste dans la maison de la Prairie : « Je me sens libéré des contraintes administratives et disponible pour les patients ». Au pôle de santé de Neufchâtel en Bray (Seine-Maritime), où le Dr Jacques Frichet, médecin généraliste, exerce la fonction de coordinateur médical, les professionnels ont également beaucoup réfléchi au planning. « Parce que nous sommes nombreux, nous pouvons concilier la continuité des soins et nos missions de prévention et d’éducation à la santé : à tour de rôle nous faisons des consultations programmées ou prévues en urgence », explique le Dr Frichet.
Paiement forfaitaire, télémédecine, délégation de tâches, pluridisciplinarité, nouveaux métiers...: la MSP apparaît comme le laboratoire des modes d’exercice qui attirent les jeunes, désert médical ou pas. Ils attendent désormais des gestes concrets des pouvoirs publics, comme la pérennisation des nouveaux modes de rémunération ou les décrets d’application sur la nouvelle société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA).
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