L'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) a dénoncé ce lundi les fermetures récurrentes, estivales ou permanentes, de plusieurs services mobiles d'urgence et réanimation (SMUR) en raison « de la conjonction des contraintes budgétaires, de la pénurie de médecins dans certains territoires et de la pénibilité du métier d'urgentiste ».
L'organisation réagit notamment au décès par infarctus d'un homme survenu dans l'Aude, le 10 août, événement qui pose une nouvelle fois la question du manque de médecins urgentistes et du délai d'intervention en zone sous-dotées. Dans ses colonnes, « la Dépêche du Midi » a détaillé la prise en charge de ce patient de 43 ans, tout d'abord par une ambulance privée puis par un infirmier sapeur-pompier. Ce jour-là, le SMUR le plus proche, à Quillan, était ponctuellement fermé pour répondre à des problèmes d'effectifs. Une mesure largement contestée par les médecins du secteur.
L'ARS Occitanie a précisé par voie de presse qu'un médecin correspondant était bien intervenu pour apporter son aide à l'équipe de secours et assurer la prise en charge de la détresse vitale du patient. « En dépit de l’intervention de ce médecin expérimenté, le patient n’a malheureusement pu être réanimé », a indiqué la tutelle régionale.
Tensions en Ile-de-France
En termes de désertification médicale, l'Aude n'est pas un cas isolé. L'AMUF s'inquiète des conséquences de fermetures ponctuelles de services d'urgences dans la Drôme et en Seine-Maritime mais aussi de tensions en Ile-de-France, dans les hôpitaux de Meaux, de Pontoise et du Kremlin-Bicêtre.
Pour l'AMUF, cette situation n'est que l'énième avatar d'un manque d'engagement politique global en faveur de la médecine d'urgence. « Nous poussons un cri d'alarme contre les fermetures des petits SMUR dans les petits hôpitaux avec l'assentiment des grands médecins dans les gros », explique le Dr Christophe Prudhomme au « Quotidien ». Le porte-parole de l'AMUF estime que la situation s'aggrave d'années en années. « Depuis 20 ans, les politiques mettent en place des mesures incitatives pour pallier la pénurie médicale mais les zones déficitaires sont de plus en plus importantes. Les hôpitaux tiennent grâce à l'investissement des équipes et à l'intérim mais les personnels fatiguent. Le système est en train de s'écrouler. »
L'AMUF réclame un entretien avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn « dans les meilleurs délais pour lui exposer ses propositions tant en réorganisation qu'en moyens techniques et de personnels ».
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