Le projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS) pour 2022, dont le vote est prévu ce mardi soir au Sénat, continue de déplaire aux professions de santé libérales. Après les prises de position agacées des syndicats de médecins contre l'accès direct (encadré) aux paramédicaux, ce sont cette fois les « Libéraux de Santé » (intersyndicale créée en septembre par onze syndicats représentatifs de dix professions*) qui critiquent la politique « hospitalo-centrée » du gouvernement.
Le système de santé français ne peut s'articuler quasi-exclusivement autour de l’hôpital, alertent les structures. D'autant que « malgré les financements inédits apportés en deux ans, de nombreux lits de l'Hexagone sont fermés, faute de soignants, signant l’échec du Ségur de la Santé », pointent-elles, soulignant l'urgence « d'investir sur les soins libéraux de proximité ». Les professions médicales et paramédicales appellent de leurs vœux une « évolution des prises en charge et des missions des professions dans une logique de coordination forte » pour favoriser le maintien à domicile et éviter précisément les hospitalisations.
Logique de transversalité
À une condition toutefois : « que chaque profession, médicale et paramédicale, évolue de concert », insistent les Libéraux de Santé. L'intersyndicale condamne au passage « avec la plus grande fermeté les agissements agressifs de ceux qui s’en sont pris à l’ensemble des praticiens et à leurs représentants ». De fait, médecins et paramédicaux se sont vivement opposés à coups de tweets et de communiqués interposés, lors des débats du PLFSS, au sujet de l'accès direct à certaines professions (orthoptistes, orthophonistes, kinés et infirmiers en pratique avancée).
L'intersyndicale cherche donc à jouer l'apaisement et appelle les parties à « travailler ensemble pour moderniser la prise en charge autour du patient, sans opposer les uns aux autres » dans une logique de « transversalité ». Cela doit se faire dans le cadre « de son décret d’actes, de ses compétences et lorsque cela s’impose, à travers de nouvelles modalités de prise en charge » . Le message est clair : pas question de transferts à la hussarde qui démantèlent les métiers et les compétences.
Équipes de soins souples
Pour ce faire, les « Libéraux de santé » demandent à nouveau la reconnaissance des équipes de soins ouvertes « coordonnées autour du patient » (ESCAP) pour permettre une coordination souple et efficace entre la ville, l'hôpital et le secteur médico-social. Elles souhaitent aussi un soutien volontariste aux autres formes de coordination comme les équipes de soins primaires et de soins spécialisés « qui doivent sortir de l'expérimentation ».
Les équipes de soins primaires et spécialisés sont pour l'instant inscrites dans le projet d'avenant interprofessionnel entre l'Assurance-maladie et les professions libérales, qui devrait être signé d'ici la fin de l'année. Les équipes de soins dites « ouvertes » doivent quant à elles être discutées au sein de l'accord-cadre interprofessionnel (ACIP).
* Médecins, infirmiers, pharmaciens, biologistes, chirurgiens-dentistes, kinésithérapeutes, orthoptistes, orthophonistes, audioprothésistes, podologues.
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