L'avenir du système de santé se joue peut-être ce jeudi 11 février à Paris. Près de 400 acteurs participent à la grande conférence de la santé au Conseil économique, social et environnemental (CESE), pilotée par Matignon, à l'issue de laquelle étaient attendues des mesures visant à réformer les études médicales et à améliorer les conditions de travail.
Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, les cinq syndicats représentatifs des médecins libéraux (CSMF, FMF, MG France, SML et Le BLOC), qui boycottent ce grand raout qualifié de « mascarade », tentent d'établir un programme commun dans un hôtel parisien situé en face du siège des Républicains… et de la Mutualité française.
Le refus de la ringardisation
Très remontés depuis plusieurs mois contre la politique du gouvernement, ces syndicats entendaient occuper le terrain médiatique et montrer aux pouvoirs publics que la grande conférence de santé n'a pas le monopole des idées neuves. Ils planchent eux aussi depuis novembre sur une dizaine de thématiques (protection sociale, tarifs, formation, parcours de soins, territoires, FMC, prévention, télémédecine…)
« Il n'y a pas d'un côté les ringards et de l'autre les modernes », a clamé ce jeudi le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, persuadé que la conférence accouchera d'une souris : « Ce ne sont pas avec des mesurettes que l'on réglera les problèmes de la médecine libérale. »
Lors d'une conférence commune, les patrons des cinq syndicats ont successivement pris la parole, non pas pour présenter les conclusions de leurs assises – elles ne seront diffusées que dans une semaine – mais pour interpeller Manuel Valls, qui doit clôturer la grande conférence de santé.
Plaidoyer pour un virage
Le Dr Claude Leicher (MG France) a demandé au Premier ministre de mettre en cohérence les discours et les actes du gouvernement : « On nous parle de virage ambulatoire depuis des mois mais l'hôpital représente 38 % des dépenses de santé en France quand ce taux est de 30 % en moyenne. » Le Dr Éric Henry, président du SML, défend par dessus tout l'initiative libérale dans les territoires. « L'entrée du patient dans le parcours de soins doit se faire en ville, enchérit-il. Le premier recours, c'est le libéral, le second recours, c'est le libéral, le troisième recours, c'est l'hôpital. »
Le patron de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon, a réclamé que les futurs médecins soient davantage en contact avec la ville au cours de stages dès le début de leurs études.
Les syndicalistes ont axé leurs interventions sur la modernité de l'exercice libéral. Le Dr Bertrand de Rochambeau, coprésident du BLOC, a quant à lui vanté la « chirurgie moderne et innovante », illustrée par « la cœliochirurgie inventée dans le privé ».
Des assises pour un socle
« Il est temps que le gouvernement écoute les médecins libéraux et change sa politique de santé afin que nous puissions réformer ensemble », a conclu le Dr Ortiz. La situation est d'autant plus urgente que « des centaines de milliers de patients se trouveront bientôt sans médecin traitant », ajoute Claude Leicher.
Les syndicalistes ont réclamé un transfert progressif des budgets hospitaliers vers la ville pour financer le virage ambulatoire.
Le socle commun de propositions qu'ils s'apprêtent à finaliser doit servir de « fil rouge » aux organisations pour les prochaines négociations conventionnelles qui s'ouvriront le 24 février, ont-ils affirmé.
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