Inquiets de la menace de coercition à l'installation, les internes et jeunes généralistes contre-attaquent en proposant une solution immédiate et simple pour désengorger les cabinets : mettre fin à tous les certificats médicaux, inutiles et chronophages. Par la voix de sa présidente, la Dr Élise Fraih, le Regroupement autonome des jeunes généralistes installés et remplaçants souhaite en effet « diminuer les consultations pour des motifs non médicaux ». Une proposition soutenue, hier lundi, devant une poignée d’élus, en concertation avec l’Association des étudiants en médecine de France (Anemf) et l’Intersyndicale nationale autonome des internes en médecine générale (Isnar-IMG), lors du colloque sur l'accès aux soins organisé par les structures de jeunes.
« J’ai eu à faire des certificats de non-contre-indication au théâtre, à la pratique les échecs ou du sabre laser… D’autres encore pour certifier à un patient qu'il a le droit de faire une pause au travail pour boire de l’eau », témoigne Élise Fraih, racontant avec humour son quotidien dans son cabinet de Dachstein, près de Strasbourg.
Questionnaire simplifié
Alors que les certificats de non-contre-indication à la pratique sportive ont déjà été allégés pour les mineurs, pour les adultes « les modalités restent librement fixées par les fédérations et les clubs de sport », rappelle la Dr Fraih. Le tout « pour se couvrir » juridiquement. Reagjir propose donc de mettre en place un questionnaire simplifié à remplir directement par les patients, « pour ne plus être embouteillé au cabinet ».
Trop souvent encore, les patients sont contraints de consulter pour obtenir un certificat d’absence exigé par l’école, voire un courrier pour autoriser la délivrance de médicaments en crèche. « Ce n’est pas exigé par la loi, rappelle la présidente de Reagjir. Le médecin n’a pas à cautionner ça. » Même constat pour les demandes « d’aptitude ou d’inaptitude au travail, ça relève de la médecine du travail », martèle la généraliste. Pire encore : les assureurs qui demandent le dossier médical du patient pour obtenir un prêt immobilier, « ce qui porte atteinte au secret médical ».
Pour « encadrer ces dérives », le syndicat propose donc, dès maintenant, de fixer dans la loi « une liste limitative des certificats médicaux exigibles ». Une solution prise en note par les sénateurs présents dans la salle. « Effectivement, le plus important est de libérer du temps médical », concède la sénatrice socialiste de Haute-Garonne, Émilienne Poumerol, généraliste retraitée.
Arrêts de travail autodéclarés
Plus surprenant encore : le syndicat de jeunes omnipraticiens propose que les patients puissent s’autodéclarer en arrêt de travail. « Pour des gastro-entérites, des rhinopharyngites, lorsque le patient n’a aucun doute sur ce qu’il a, il n’a pas besoin de venir consulter, justifie Élise Fraih. Nous proposons qu’il justifie lui-même de son absence, uniquement sur la durée des jours de carences, avec un quota maximum annuel. »
Même suggestion pour les prescriptions médicales de transport, qui pourraient être demandées directement en ligne par le patient via le site de l’Assurance-maladie. « Pour nous, cela ne doit pas relever du généraliste mais de la Cpam, avec un contrôle par le médecin-conseil », pense la présidente de Reagjir. Enfin, pour les dossiers MDPH qui encombrent les agendas des praticiens, les jeunes généralistes proposent qu’en cas d’invalidité permanente ou de maladie congénitale, « d'ouvrir à vie ces droits, pour que nous n’ayons plus à remplir tous les cinq ans le même dossier ».
En tarissant rapidement ces motifs de consultation, Reagjir voit une solution « à court terme » pour lutter contre les déserts médicaux. À moyen terme, le syndicat mise sur l’accompagnement à l’installation dans les territoires et l’exercice coordonné.
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