Le conventionnement sélectif est certes une arlésienne du débat politique, à plus forte raison en automne avec le vote du budget de la Sécurité sociale (PLFSS), et rares sont les élus médecins qui y souscrivent. Mercredi 26 octobre, un sénateur généraliste est pourtant revenu à la charge lors d'un débat sur l'aménagement du territoire organisé en présence du ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. Le récent rapport ad hoc du centriste Hervé Maurey, favorable de longue date à la régulation de l'installation des médecins, a servi d'entrée en matière aux sénateurs.
Alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait réaffirmé la veille, dans son discours de présentation du PLFSS, « ne pas croi[re] à la coercition et à l’obligation », le Dr Daniel Chasseing (Corrèze, UDI) a rappelé que « l'absence de médecins condamne les territoires ruraux à la désertification, malgré les maisons de santé ». « Il faudrait envisager un non-conventionnement des médecins qui s'installent dans les zones hyperdenses et augmenter le numerus clausus », a déclaré le médecin généraliste.
Angèle Préville, sénatrice socialiste du Lot, a enfoncé le clou : « Confrontés à l'extension continue des déserts médicaux, nos concitoyens sont excédés. Notre système repose sur la Sécurité sociale. Êtes-vous prêt à déconventionner les médecins qui s'installent en zone excédentaire et à établir un service obligatoire de cinq ans en zone rurale ? ».
Plus modéré, Sébastien Leroux (Orne, Les Républicain) a estimé qu'un service d'une année seulement pourrait être « envisagé » pour les jeunes médecins. « Dans l'Orne, la moitié des généralistes partira avant la fin du quinquennat. Notre population est mise en danger », a-t-il alerté.
Pas le procès des médecins
Pris à partie, Jacques Mézard a été clair : « Je ne ferai pas le procès des médecins, a jeté le ministre. Des efforts sont nécessaires pour rétablir l'équilibre entre les zones de surdensité — souvent les plus ensoleillées — et les moins pourvues. Mais imposer aux médecins un service de cinq ans ? Ce n'est pas par la contrainte qu'on arrivera à quoi que ce soit. Il faut trouver des solutions concrètes, mais nous ne rétablirons pas l'équilibre par des mesures de contrainte comme le déconventionnement. Nous avons besoin de spécialistes et que les centres hospitaliers régionaux rayonnent. »
Concernant la modification du numerus clausus, Jacques Mézard a affirmé avec un brin d'exagération que cette mesure « n'aura des effets que dans trente ans ». Et de rappeler que les propositions d'Agnès Buzyn dans le plan anti désert (développement de la télémédecine, stage chez les médecins libéraux, exercice partagé, généralisation du contrat de médecin adjoint) « sont une réelle avancée ».
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