Dans le cadre d’un travail de thèse,
la Dr Marie Morelière, généraliste à Saint-Ouen-l’Aumône, a analysé, à partir de l’observatoire de la médecine générale (OMG), 387 681 consultations menées entre juillet 2000 et juin 2009 auprès de 153 221 patients par 116 généralistes. L’étude porte sur les prescriptions antibiotiques dans quatre pathologies respiratoires (angine, bronchites aiguës, syndromes grippaux, rhinopharyngites). Si la proportion de cas traités par antibiotiques, pour l’ensemble de ces pathologies, a reculé de 12 % entre 2000 (taux de 42 %) et 2009 (taux de 30 %), une augmentation des prescriptions est de nouveau observable à partir de 2004, où le taux de prescription était descendu à 25 %.
Au regard des pathologies étudiées, « plus le patient est âgé, plus il reçoit des antibiotiques, à l’exception des angines, où les 0-1 an sont les plus traités, note la Dr Morelière. Aucune différence de prescription selon le sexe n’est observée, mais on constate davantage de prescriptions d’antibiotiques en cas de comorbidités et de symptômes persistants ».
La Dr Morelière s’est interrogée sur l’impact des recommandations au niveau de la pratique des généralistes. S’agissant par exemple des bronchites aiguës, avant 2000, elles étaient en faveur d’une antibiothérapie en cas de persistance des symptômes. « Or durant tout le temps de l’étude, ce sont les nouveaux cas qui ont été le plus traités, fait-elle remarquer. Certaines études ont montré de potentiels bénéfices de l’usage d’antibiotiques chez les personnes âgées. Mais dans notre étude, ce sont les plus de 66 ans qui étaient les moins traités. Il n’y a pas de logique », constate la Dr Morelière.
Pas mieux dans l’otite
Menée par le Dr Cyrille Mathis, médecin généraliste à Besançon dans le cadre d’un travail de thèse, une autre étude, plus locale, réalisée en 2013 auprès de 146 généralistes de Franche-Comté, a mis en évidence « un faible suivi des recommandations actuelles concernant l’antibiothérapie des otites moyennes aigues (OMA) isolées des enfants ». Concernant l’antibiothérapie avant deux ans, « on a remarqué un respect des recommandations chez seulement 30 % des professionnels », indique-t-il. Après deux ans, ces recommandations de la société de pathologie infectieuse de langue français (SPIF) de 2011 étaient respectées dans seulement 32 % des cas pour les OMA bruyantes, avec prescription d’amoxicilline en première intention, et dans 36 % des cas pour les OMA peu bruyantes, avec abstention d’antibiothérapie. « Un meilleur suivi des recommandations actuelles irait pourtant dans le sens d’une diminution des résistances bactériennes et des effets indésirables », souligne le Dr Mathis, qui insiste sur le besoin de repenser l’information autour des bonnes pratiques afin d’aider des omnipraticiens, submergés par les recommandations.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique