Davantage que des têtes de chapitre, ils auraient préféré connaître la fin de l'histoire. Les syndicats de médecins libéraux ont accueilli sans ferveur les orientations de la politique de santé qu'entend mener Agnès Buzyn pendant les cinq prochaines années.
S'ils ne sont pas contestés, les quatre axes prioritaires de la nouvelle « stratégie nationale de santé » (prévention, lutte contre les inégalités sociales et territoriales d’accès à la santé, pertinence et qualité des soins, innovation) ont un goût de déjà-vu, ressemblant peu ou prou aux axes retenus en 2014 par Marisol Touraine dans sa controversée loi de santé.
Si elle rejoint la ministre de la Santé sur ces objectifs, la CSMF s’interroge sur la place qui sera accordée à la médecine libérale. « Il est nécessaire de recentrer le système de santé sur les soins de ville pour que la stratégie annoncée réussisse », met en garde son président. Le Dr Jean-Paul Ortiz s'interroge sur « le calendrier très court annoncé » par la ministre pour mener une « concertation de fond intense et fructueuse » devant aboutir à un décret en décembre.
La prévention, réel enjeu pour le SML et MG France
Le SML se félicite de voir la prévention et la promotion de la santé figurer « au premier rang des priorités du gouvernement ». Il préconise de longue date la création de consultations longues de prévention obligatoires à des âges clés et souhaite que les médecins soient incités à s’engager dans les logiques d’éducation thérapeutique pour améliorer l’observance et prévenir le risque de iatrogénie. Le SML réclame surtout des moyens. « Une stratégie nationale de santé sans investissement ne serait que la réédition de la précédente qui fut incapable de mettre en œuvre le virage ambulatoire », conclut le syndicat du Dr Philippe Vermesch.
À MG France, le Dr Claude Leicher accueille favorablement les orientations prioritaires retenues par la ministre de la Santé. Le président du syndicat de généralistes souhaite que le gouvernement mise réellement sur les soins primaires pour développer la prévention. « Il est temps d'agir sur la prévention car les politiques de santé publique sont un échec (vaccinations, lutte antigrippale, faible taux de participation aux dépistages) », affirme le Dr Leicher.
Assez perdu de temps, selon la FMF
Certains syndicats se montrent moins patients à l'instar de la FMF. « Arrêtons de jouer la montre ! », clame le Dr Jean-Paul Hamon, selon qui « les solutions pour redonner de l’impulsion et du souffle à nos politiques de santé sont déjà connues » : « Il faut modifier les études médicales en faisant mieux connaître l’exercice libéral, un vrai parcours de soins avec des libéraux, donner à l’hôpital les moyens d’hospitaliser décemment... », décline le syndicat signataire de la convention, qui appelle le Pr Buzyn à faire preuve de « courage politique ».
L'Union française pour une médecine libre (UFML) se fait peu d'illusions. « Une fois de plus, l’image semble primer sur le fond, et il persiste la désagréable impression d’une stratégie déjà écrite, regrette son président le Dr Jérôme Marty. L’annonce d’une concertation en octobre avec les professionnels de santé et en novembre avec les Français est une fois de plus le reflet du paternalisme d’État qui sévit depuis plus de trente ans, ministère après ministère. » « Le système de santé français est en état d’urgence, et ce n’est pas en quelques semaines et quelques auditions que l’on résoudra son effondrement », conclut fataliste le syndicat.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique