Le concours de l’internat est souvent considéré comme le plus décisif dans le parcours d’un étudiant en médecine au regard de son avenir professionnel. Pourtant, changer de spécialité en cours de carrière est possible et la facilité de la procédure pour y parvenir pourrait étonner plus d’un praticien en exercice.
Entre 600 et 800 médecins décident chaque année de se réorienter. Pour ce faire, le professionnel requérant doit constituer une demande auprès du conseil départemental de l’Ordre duquel il dépend. Dans son dossier il doit fournir une lettre de motivation ainsi qu’un CV afin que la commission de qualification puisse évaluer la pertinence du changement de parcours. Il est aussi demandé au médecin une preuve de formation théorique et pratique dans la nouvelle spécialité qu’il a choisie : diplôme universitaire ou interuniversitaire, capacité, formation médicale continue (FMC), stages… La plupart du temps cette formation est aux frais du médecin. Mais dans certains cas, un hôpital peut aider et faciliter la reconversion notamment si elle permet de combler une pénurie.
Le dossier est ensuite étudié par la commission de qualification compétente. Il en existe au moins une pour chacune des 44 spécialités. La plupart du temps, celle-ci convoque le candidat puis transmet son avis au conseil départemental qui statuera en séance plénière au plus tard un an après la date de dépôt du dossier. La procédure est bien souvent plus courte, entre 4 et 5 mois en moyenne. En cas d’avis défavorable, le médecin requérant a la possibilité de faire appel dans un délai de deux mois. En 2016, sur 555 dossiers déposés, 68 % on fait l’objet d’un avis favorable en première instance indiquent les statistiques les plus récentes.
Évolution logique
Ces dernières années, les demandes de changement de spécialité ont émané principalement de généralistes. Une évolution de carrière « logique » estime le Pr Robert Nicodème, président de la section formation et compétences médicales du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). « Il s’agit souvent de médecins qui ont un intérêt pour une partie précise de leur exercice comme la gynécologie, la pédiatrie ou la psychiatrie et qui finissent par sauter le pas », illustre-t-il par l’exemple. « Ce sont souvent de très belles évolutions de carrière pour ces confrères, il est normal que l’Ordre puisse les permettre », se félicite l’ordinal, lui-même généraliste.
La volonté de changer de spécialité intervient le plus souvent en milieu et en fin de carrière. Sur les 2 349 médecins ayant déposé un dossier entre 2013 et 2016, 61 % sont âgés de plus de 45 ans. La tranche d’âge la plus représentée se situe entre 45 et 54 ans. Les disciplines les plus demandées sur la même période sont la psychiatrie, la gériatrie et la médecine du travail. De manière plus conjoncturelle, la création de nouvelles spécialités comme récemment la médecine d’urgence ou la médecine vasculaire ont pu également faire naître des vocations parmi les professionnels en exercice. Comme un médecin ne peut être inscrit devant l’Ordre que sur la liste d’une seule spécialité, il est aussi possible de revenir à sa qualification initiale en justifiant auprès du conseil départemental de la mise à jour de ses connaissances.
Facilitations légales
Parfois, le changement de spécialité peut être contraint par un accident de la vie. C’est le cas par exemple de certains chirurgiens orthopédistes qui ne sont plus aptes physiquement à exercer et que l’Ordre accompagne vers d’autres compétences. Plus exceptionnel, le Pr Nicodème se souvient d’une pédiatre qui, après avoir suivi beaucoup d’enfants ayant des problèmes cardiaques, s’est intéressée de près à la spécialité, est retournée sur les bancs de la fac avant de devenir chirurgien cardiaque.
Si un tel revirement de carrière reste encore exceptionnel, une récente évolution légale devrait en faciliter l’accès. La réforme du troisième cycle des études médicales en date de 2017 prévoit ainsi d’ouvrir aux médecins en exercice l’acquisition d’un deuxième diplôme d’étude spécialisé (DES) selon des quotas définis au niveau ministériel. « Tout est possible », veut croire le responsable du CNOM.
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