Arnaud Montebourg : « La mutuelle d'État à 10 euros n'entraînera aucune complication pour les médecins »

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Publié le 19/01/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

LE QUOTIDIEN : Vous proposez la création d’une mutuelle d’État à 10 euros par mois. Que couvrira-t-elle ?

ARNAUD MONTEBOURG : Plus de trois millions de personnes dont 600 000 retraités, 400 000 chômeurs et 100 000 étudiants ne disposent pas d’une complémentaire. Cette mutuelle publique à 10 euros – pour un revenu supérieur au seuil de la CMU-C et inférieur ou égal au SMIC – couvrira mieux leurs dépenses de santé. Le panier de soins sera identique à celui des patients couverts par la CMU-C. Il permettra un remboursement à 100 % des frais optiques, dentaires et des audio prothèses. Conçu sur le modèle d’un ticket modérateur, ce dispositif facilitera le travail des médecins en améliorant la couverture de ces patients et le recouvrement de leurs créances. La carte Vitale précisera que le patient relève du dispositif. Il n’y aura aucune complication pour les médecins.

Manuel Valls souhaite encadrer la liberté d'installation et supprimer les dépassements. Quelle est votre position ?

Il conviendra de mieux encadrer les dépassements d’honoraires mais pour ce faire, il faudra parallèlement mettre à jour la classification des actes, dont certains ne sont pas rémunérés au bon niveau. Les médecins continueront à être fortement encouragés et incités financièrement à exercer dans les territoires sous-dotés. L’État prendra ses responsabilités pour résorber la fracture sanitaire liée à l’existence des déserts médicaux. 

Vous souhaitez créer des dispensaires. Quelle différence avec une maison ou un centre de santé ?

Notre pays compte près de 200 déserts médicaux où vivent 2,5 millions de personnes. Je propose de créer des dispensaires publics sur le modèle des centres là où il n’existe pas d’offre. Ils seront installés partout où cela est nécessaire en complément des maisons libérales et des centres existants. Au sein de ces dispensaires équipés en télémédecine, les médecins de proximité financés par la Sécurité sociale seront secondés par les étudiants en médecine appelés du service national civil. Les mairies et les départements seront sollicités pour mettre à disposition des locaux disponibles.

Les hospitaliers dénoncent leurs conditions de travail. Que faire pour leur redonner le goût du service public ? 

Donner plus de sens médical à la réforme des groupements hospitaliers de territoire, libérer les médecins des tâches annexes qui parasitent le temps dédié au patient, éviter certains passages aux urgences grâce aux dispensaires ou au renforcement des moyens que je propose dans les EHPAD. Il faut croire à l’hôpital, fort de sa capacité d’innovation et d’excellence, mais aussi de ses missions de service public. C’est pour l’aider que je suis – pour l’heure – le seul candidat à proposer de créer 5 000 postes de médecins et de paramédicaux par an sur la durée du mandat. Le candidat de la droite propose dans le même temps de supprimer 20 000 postes par an !

 

Voir notre comparatif des programmes des candidats à la primaire de gauche

 

Propos recueillis par Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9548