« Le premier hôpital de France, c’est la ville », a lancé ce mardi le Dr Philippe Vermesch, lors d'une visioconférence. Pour le président du Syndicat des médecins libéraux (SML), les pouvoirs publics semblent avoir compris, cette fois, l'intérêt d'inclure la médecine libérale dans la stratégie sanitaire (continuité des soins, dépistage) lors de cette deuxième vague. Le syndicat se félicite à cet égard de la publication des recos de la HAS concernant la prise en charge en ville et l’oxygénothérapie à domicile des patients Covid, ou de l’arrêté qui étend l'utilisation des tests antigéniques et encadre leur usage.
Prêt à dénoncer la convention
Pour autant, ces « timides avancées » restent très insuffisantes alors que les médecins sont à nouveau au front. Sur le plan financier, la disproportion entre « les milliards d’euros alloués à l’hôpital » et les « petits » 300 millions prévus pour la médecine de ville est « une faute inexcusable dont les médecins libéraux sauront se souvenir », prévient le patron du SML.
Côté perspectives tarifaires, la volonté du gouvernement de reporter à 2023, au-delà de la présidentielle, le terme de la convention médicale ne passe pas non plus. « Il y a une confiscation de la convention. Le message adressé aux médecins est le suivant : circulez, il n’y a rien à voir et toute avancée tarifaire est proscrite. »
Or, « nous attendons un retour d’ascenseur pour la médecine de ville », prévient le patron du SML, qui réclame un investissement d’au moins deux milliards d’euros et l’inscription d’un nouveau calendrier rapproché de négociation conventionnelle. Pour montrer au gouvernement sa détermination, il compte demander aux autres syndicats de s’unir pour dénoncer la convention médicale « si aucun signal fort n’est donné à la profession ».
Autre sujet qui fâche : la proposition de loi de la députée Stéphanie Rist visant à créer une profession médicale intermédiaire. « La majorité veut se lancer dans la création de cette profession alors qu’aucune étude d’impact ni aucune concertation préalable n’ont été conduites ! C’est un passage en force. » Le SML demande le retrait de ce projet.
Revaloriser l'acte et la coordination
Pour l'heure, contrairement à la CSMF a quitté la table des négociations, le syndicat compte poursuivre le round conventionnel en cours pour obtenir une revalorisation de certains actes de base des généralistes et spécialistes. Au sujet des visites longues par exemple, le SML veut aller plus loin. « Ces visites longues doivent être ouvertes, au-delà du médecin traitant, à toutes les spécialités et à SOS Médecins », soutient le Dr Vermesch.
Plutôt hostile aux paiements forfaitaires, le président du SML se montre méfiant à l’égard de l’extension de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) à plusieurs spécialités. « Il faut faire simple en décidant de revaloriser les actes et d’inscrire les actes innovants », plaide-t-il.
Dans le cadre des négociations interpro enfin, le SML s’oppose à la CNAM sur les équipes de soins primaires, un modèle selon lui « voué à l'échec car trop complexe ». Il milite pour la reconnaissance des équipes de soins « traitantes », une forme de coordination plus souple à ses yeux. « C’est le patient qui nomme son équipe inscrite sur une liste donnée à la CPAM. Cette équipe communique par des applications comme Globule, un système rapide avec une traçabilité des relations », suggère le Dr Vermesch. Dans ce schéma, la rémunération des actes reste monoprofessionnelle. Quant à la coordination, le praticien serait payé par un forfait (à négocier) multiplié par le nombre d'équipes de soins auxquelles il participe.
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