"Fonctionnariser" des médecins généralistes pour lutter contre la désertification médicale : c'est l'idée que poursuit un conseil départemental dont la majorité est pourtant de droite. La Saône-et-Loire envisage en effet la création d'un centre de santé départemental, une première en France, alors que, jusqu'alors, de telles initiatives venaient plutôt de communes.
Le rapport d'intention présenté jeudi par le président du conseil départemental, André Accary (LR), lors d'une assemblée plénière de la collectivité, prévoit de recruter et de salarier une trentaine de praticiens sur les secteurs les plus en manque. Le département leur proposera un contrat de 35 heures sous le statut de fonctionnaire territorial et mettra des locaux à leur disposition. En tant que salariés, ils seront déchargés des tâches administratives. "L'objectif est que nos médecins départementaux n'aient à faire que ce pour quoi ils ont été formés, c'est-à-dire uniquement la consultation médicale", souligne André Accary.
Un concept jugé "innovant et intéressant" par le Dr Gérard Montagnon, président du Conseil départemental de l'Ordre, face à la détresse des patients due au déficit de généralistes qui touche le territoire. "En Saône-et-Loire, 30 % des médecins généralistes ont plus de 60 ans. Dans peu de temps, les difficultés vont encore s'aggraver", prévient-il. Outre son initiative départementale, la particularité du projet est d'être un centre de santé "multi-sites". "Les médecins aspirent aujourd'hui à travailler différemment, avoir une vie plus équilibrée avec du temps social et familial. Ce dispositif vise à rendre notre territoire attractif par rapport à ces aspirations", explique André Accary.
Prochaine étape prévue par le département : mettre tous les acteurs autour de la table - élus locaux, médecins, organismes de santé, etc.- afin de définir précisément les contours du projet et de commencer le recrutement des médecins à l'automne, pour une ouverture du centre début 2018.
Concurrence déloyale aux libéraux ? Le président du conseil départemental s'en défend : "Je souhaite apporter une offre complémentaire à celle des médecins libéraux en attendant que nos gouvernants prennent de vraies dispositions pour une couverture médicale digne de ce nom en France", conclut-il.
D'autres départements ont lancé des initiatives pour renforcer l'offre de santé dans les zones délaissées de leur territoire. Mais cela prenait plutôt jusqu'alors la forme de bourses d'études ou d'aides financières à l'installation, à l'instar de l'Allier, de la Charente-Maritime ou du Gers.
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