En direct du congrès de Grenoble

A MG France, la piste d'une convention généraliste spécifique refait surface

Publié le 10/06/2016
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Crédit photo : dr

« Dessine-moi la médecine générale de demain. » Les organisateurs du 7ème congrès de MG France, réuni jusqu’à samedi à Grenoble l'ont placé sous un jour résolument futuriste. Sur fond de négociations conventionnelles et au lendemain de la publication de l’Atlas démographique de l’Ordre des médecins, plusieurs générations de généralistes se retrouvent pendant deux jours autour des grandes préoccupations de la profession. Car si de nombreux combats ont été gagnés depuis 30 ans, date de la création du syndicat aujourd’hui présidé par Claude Leicher, tous s’accordent à dire que d’autres -tout aussi essentiels- sont encore à mener.

« Il y a des choses extrêmement positives qui ont évolué », reconnaît Nicole Renaud, l’une des fondatrices du mouvement, dans les années 1980, «la médecine générale est devenue une spécialité, c’est une grande bataille que nous avons gagné ». « Mais nous ne sommes pas au bout », poursuit l’ex-généraliste, à la retraite depuis 6 ans :« la rémunération est toujours différente, la recherche n’est pas reconnue, il y a le harcèlement des Caisses… On est de nouveau dans un moment d’inquiétude, il ne faut pas rester les bras croisés dans son cabinet. »

Historiques et nouvelles pousses côte à côte

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Conscients du moment charnière où se trouve la profession, et par voie de conséquence leur syndicat, les généralistes grenoblois en charge de l’organisation du congrès ont tenu à associer particulièrement les jeunes à cette manifestation. « Démographiquement, il y a toute une tranche de médecins généralistes qui part à la retraite et une bonne partie des forces vives du syndicat en fait partie », convient Badis Hadrouf, président de MG France Isère. D’où l’idée, décrypte-il, de faire de ce congrès celui « de la transmission, de faire en sorte que toutes les générations soient représentées » pour continuer à enrichir l’identité de la médecine générale. Car, d’après lui, celle-ci est toujours considérée, dans l’ambiance générale, comme une sous-spécialité.

Les jeunes sont d’ailleurs bien présents, lors de ces journées grenobloises. « 20% des inscrits ont moins de 36 ans », assure Claude Leicher. Et trois responsables de syndicats d’internes de Lyon, Grenoble et Saint-Etienne ont été choisis pour être « grands témoins ». Autant d’éléments qui incitent Nicole Renaud à l’optimisme. «  Quand on voit ces jeunes motivés qui sont dynamiques, je suis rassurée par leurs forces et leurs capacités à faire changer les choses », confie l’auteur du livret vert « Médecine générale et santé » en 1986, distribué cette année encore aux congressistes. Et dont Agnès Laville, trentenaire installée en région lyonnaise et élue à l’URPS Auvergne Rhône-Alpes, souligne qu’il n’a pas pris une ride.

Dépasser les blocages conventionnels

Dans cet élan de défense et d’affirmation de la place de la médecine générale, l’idée d’une convention spécifique fait son grand retour. Nicole Renaud confie d’ailleurs le regret de son abandon au profit d’une convention unique et plaide, aujourd’hui, pour le retour d’un tel texte propre aux généralistes. Un souhait assurément partagé par les généralistes participant à une table ronde sur les négociations conventionnelles. Cette volonté de recourir à une convention spécifique est perçue comme une façon de dépasser les difficultés liées aux règles de signature (avoir recueilli 30% des suffrages dans chacun des 3 collèges aux élections professionnelles) mises en place par la loi HPST. Et à la possibilité, pour des organisations totalisant 50% des votes, de dénoncer un texte. Claude Leicher aborde lui-aussi la voie d’une convention spécifique comme l’unique moyen d’aboutir à un texte conventionnel en 2016. Car, rappelle-t-il, « s’il n’y a pas d’espace de liberté tarifaire, les autres syndicats ne signeront pas » de convention unique. Or la profession attend plus que jamais de voir le C porté à 25 euros et la rémunération forfaitaire renforcée.

Luce Burnod, envoyée spéciale à Grenoble

Source : lequotidiendumedecin.fr