C’est à une véritable surenchère que se livrent les syndicats à propos de la valeur du C. Depuis le lancement de la campagne pour les élections professionnelles, aucun d’eux n’est resté silencieux sur le sujet des revalos. Jean-Paul Ortiz a lancé les hostilités lors de la conférence de rentrée de la CSMF, jugeant qu’une consultation ne devrait pas être à moins de 30 euros. Une mise de départ largement inférieure à la fourchette proposée par Jean-Paul Hamon, le chef de file de la FMF, partisan d’une consultation oscillant entre 42 et 45 euros. Le SML et son président, Éric Henry, sont allés jusqu’à suggérer un C à 48 euros… De son côté, Claude Leicher met en avant sa priorité de toujours : l’octroi de la MPC aux généralistes, afin de porter le C à 25 euros. Pour le président de MG France, cette « équité tarifaire » n’est qu’un préalable à toute revalorisation. Et pour le reste, tenant les syndicats polycatégoriels pour responsables de la médiocrité tarifaire actuelle, MG France rappelle que « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent… ».
Dans cet exercice, les uns et les autres épient les propositions de leurs challengers, ne manquant pas de les commenter à coup de bons mots et petites phrases. « Nous ne pouvons plus nous battre pour un ou deux euros supplémentaires », aime à répéter Jean-Paul Ortiz. Une critique à peine déguisée du combat mené par MG France pour obtenir les 2 euros de la MPC. Un refrain partagé par Jean-Paul Hamon, « On ne continuera pas à négocier des miettes », assure-t-il.
Tout cet emballement n’a pas échappé à Nicolas Revel. Conscient que les prochains enjeux électoraux ne sont pas étrangers à ces prises de position, le patron de l’Assurance Maladie a profité de son passage à l’université d’été de la CSMF, le 12 septembre, pour souligner que « les revenus bruts (hors charges diverses) de l’ensemble des médecins libéraux ont augmenté de 9,3 % entre 2010 et 2014. Cette évolution est même de +10 % pour les généralistes ». Et d’ajouter avoir fait part de « ces chiffres tout en étant conscient qu’il ne s’agit pas des revenus nets des médecins, et surtout, j’ai conscience que votre perception est différente ». Notamment en raison des multiples et diverses démarches administratives incombant aux médecins qui y consacrent « 1h à 1h30 par jour, soit 10 à 15 % de leur temps », croit savoir le patron de la Cnam.
« Des revendications légitimes... mais pas si urgentes ! »
L’état des lieux posé, Nicolas Revel s’est toutefois montré ouvert à la discussion, considérant que « toutes les revendications des médecins sont légitimes, aucune ne me pose problème ». Légitimes, peut-être, mais pas urgentes pour autant, l’ensemble des questions liées aux honoraires ayant vocation, selon Nicolas Revel, à être abordées lors des négociations conventionnelles. Toutes seront débattues même si « on ne pourra néanmoins pas tout prendre car on ne pourra pas tout financer », ajoute-il, donnant rendez-vous aux syndicats à compter du 12 octobre.
Ce statu quo n’est pas franchement du goût des syndicats. À commencer par Luc Duquesnel qui s’interrogeait, quatre jours après les déclarations de Nicolas Revel, sur la capacité de ce dernier à mener la prochaine négo. A ses yeux, « le directeur de la CNAM et le gouvernement sont totalement déconnectés des problèmes quotidiens rencontrés par les généralistes libéraux en ne les considérant que comme des “ nantis ” ». Et de demander, à propos des 3 milliards d’euros d’économies réalisés par les libéraux par rapport à l’Ondam, « pourquoi n’en a-t-on pas profité pour revaloriser les honoraires des médecins généralistes dont les revenus sont parmi les plus bas d’Europe ? »
MG France semble plus confiant sur les négos à venir. Emmenée par Claude Leicher, une délégation de généralistes s’est rendue au siège parisien de l’Assurance Maladie, réclamer les 2 euros de la MPC jusque dans le bureau de Nicolas Revel. « Sur le principe, il ne voit pas de raison de s’opposer à cette demande », commentait Claude Leicher à l’issue de la rencontre. Mais, fidèle à sa ligne de conduite, Nicolas Revel a précisé que « ça s’intégrera dans la négociation ». Une perspective plutôt satisfaisante qui n’altère toutefois pas l’ambition du syndicat de déposer, sans attendre, un recours devant le Conseil d’État contre l’exclusion des généralistes de la MPC réservée à 42 spécialités. Reste qu’augmenter le C des généralistes de 2 euros coûte d’emblée 550 millions d’euros, rappelle Nicolas Revel...
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