Pour ce confrère du Nord, la semaine a aussi mal commencé que fini. Il était 12 h 40 mardi dernier, et il terminait ses consultations du matin, lorsque le Dr Pierre Goidin a été victime d’une agression commise, explique-t-il, par des jeunes du quartier. « Après avoir exercé à Coudekerque-Branche depuis 1993, je me suis installé en 2014 à la Basse ville, un quartier sensible de Dunkerque, » raconte-t-il. "Il y a en face un parc avec en permanence des jeunes. Et ça deal une grande partie de la journée…"
Ce jour-là, comme souvent, les jeunes du square s’avèrent agités et bruyants et s’installent sur le rebord de fenêtre du cabinet médical (photo) situé au rez-de-chaussée d’une maison du quartier. « C’est évidemment extrêmement gênant dans un cabinet médical lorsque vous examinez un patient. Et je leur ai demandé de partir à plusieurs reprises », témoigne le praticien, qui devant la non réaction des fauteurs de trouble finit par le leur signifier en sortant de son cabinet. Mal lui en prit. « J’ai essayé d’en repousser un et j’ai reçu en retour un coup de savate d’un autre » Pour le praticien, l’affaire se solde par une fracture du plateau tibial.
Le généraliste dunkerquois ne s’est pas arrêté de travailler depuis cette mésaventure : pas le choix, explique-t-il en substance… Mais, malgré – ou peut-être à cause- de la plainte qu’il a déposée, ses jeunes agresseurs d’une quinzaine d’années sont toujours là et continuaient même de le harceler ces jours derniers. « Ils se sont de nouveau manifestés l’après-midi même. Et jeudi soir, vers 21 h 30, alors que j’étais en train de recoudre une patiente, ils sont revenus taper sur la porte à plusieurs reprises ».
Vendredi 28 avril en début de soirée, on apprenait qu'une nouvelle altercation avait eu lieu, un patient du Dr Goidin ayant dû s’interposer pour protéger le médecin. Cette fois, les agresseurs ont été emmenés par les forces de l’ordre. "Mais pour combien de temps ?" demande la CSMF locale, qui met en cause l'attitude de la mairie dans cette affaire : "Que fait la municipalité pour protéger ses médecins généralistes en danger ?" interroge le syndicat dont le Dr Goidin est un des cadres. Et la CSMF Dunkerque de dénoncer "le manque de considération et l’absence intégrale de sécurisation des médecins généralistes, abandonnés à la violence des bandes !"
Pierre Goidin comprend d’autant moins avoir été pris pour cible, qu’il ne compte pas ses heures au service de la population du secteur. « Quand même, on rend service », s’indigne-t-il, évoquant le partenariat qu’il a avec l’Armée du salut pour soigner des SDF. « Que voulez-vous que je fasse ? » interroge-t-il, encore sous le choc. « Je ne pourrai plus prendre de remplaçants, car ce sont des femmes et je ne peux tout de même pas les exposer à un danger permanent… » Mais ce qui le scandalise encore davantage, c’est l’absence de réactions des autorités : « J’ai porté plainte. L’agresseur est parfaitement identifié. J’ai alerté le sous-préfet et le procureur de la République. Et je n’ai aucune nouvelle. Le conseil de l’Ordre auquel j’ai envoyé ma fiche de signalement, ne m'a même pas appelé pour me demander si ça allait… »
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