Le Généraliste : Deux médecins ont été victimes de graves agressions physiques à Romainville et à Marseille. Traduisent-elles un accroissement de la violence à l'égard du corps médical ?
Dr Hervé Boissin. Ces agressions sont le reflet d’une société qui est de plus en plus violente. Cela rejaillit aussi dans les cabinets. Vous mentionnez deux récentes agressions mais il y en a eu une autre à Paris, il y a environ un mois. Le confrère a eu le bras cassé et a dû être opéré.
Que peuvent faire les praticiens face aux agressions ?
Dr H.B. En Île-de-France, des formations sont organisées avec la participation des forces de police. Mais il est toujours difficile de répondre à des actes de violences auxquels nous ne sommes pas préparés. Il n’y a pas de cours de karaté ou de self-défense pendant les études de médecine. Nous souhaitons que les confrères disposent de systèmes d’alertes immédiats (en Ile-de-France, des discussions étaient en cours pour financer l'accès aux médecins à Reporty, une application permettant d'activer le son et l'image d'un téléphone portable via un bouton silencieux, NDLR). Nous sommes en contact permanent avec les ministères de l’Intérieur et de la Justice pour faire évoluer la protection des médecins.
Où en sont vos discussions avec le ministère de l’Intérieur pour l'éventuelle mise en place d'un système d'alerte les mettant en contact avec des services de police ?
Dr H.B. Avec les changements de ministres et les évènements récents, nos réunions ont été reportées. Nous espérons un rendez-vous rapide mais il est difficile d'être audibles dans le contexte social actuel. Nous réclamons toujours la mise en place de systèmes permettant aux médecins d’alerter directement la police pour déclencher des interventions rapides. À Marseille comme à Romainville, nos confrères auraient pu être assistés plus rapidement avec de tels systèmes. Des expérimentations ont été lancées, notamment à Limoges et en Provence-Alpes-Côtes d'Azur. Nous essayons de développer ces expérimentations avant de les imposer partout. Pour l’instant, nous n’avons pas encore de retour sur ces expérimentations.
Quelle aide l’Ordre peut-il apporter aux médecins agressés ?
Dr H.B. Le Conseil national est toujours au soutien des médecins agressés. Nous nous associons aux différentes plaintes, en nous portant partie civile à chaque fois qu’une agression est déclarée.
Quand un praticien est agressé, un conseiller ordinal prend contact avec lui, lui demande quels sont ses besoins. S’il est en arrêt de travail, nous essayons de lui trouver un remplaçant le plus rapidement possible. Si l’indisponibilité est longue, nous apportons aussi des aides financières. L’Ordre dispose de fonds prévus pour l’entraide, tant au niveau départemental que national, pour aider les confrères en difficulté. Nous pouvons aussi les orienter vers des psychologues ou des psychiatres s’ils en ressentent le besoin. En Île-de-France, des confrères organisent également des visites de cabinets médicaux pour améliorer la sécurité des cabinets pour les confrères qui le souhaitent.
75 agressions physiques en 2017
Selon l'Observatoire de la sécurité des médecins 2017, publié par l'Ordre en avril, 75 médecins (sur 1 035 agressions déclarées) avaient été victimes d'agressions physiques en 2017. 69 avaient subi des coups et blessures volontaires et 2 avaient été séquestrés.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique